L’AKP, qui se définit comme le «grand frère» de la région, reste silencieux et inactif face à l’EI qui sème le chaos dans la région.
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Les massacres actuels de l’Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie figurent désormais sur les agendas politiques des puissances mondiales, en particulier des Etats-Unis. Après l’exécution brutale du journaliste américain James Foley par l’EI, le président Barack Obama a appelé tous les Etats et les peuples de la région à lutter contre l’organisation terroriste. La lutte contre l’EI fait désormais partie des conditions requises pour assurer une stabilité et un équilibre au Moyen-Orient. Il est intéressant de noter que l’AKP, qui se définit comme le «grand frère» de la région, reste silencieux et inactif face à l’EI qui sème le chaos dans la région. Face aux critiques des partis de l’opposition concernant l’«implication de la Turquie dans ce bourbier qu’est le Moyen-Orient», le porte-parole de l’AKP répond que «la Turquie est un acteur régional et même mondial. En tant que tel, elle montrera sans aucun doute de l’intérêt dans les développements au Moyen-Orient». Mais aujourd’hui, la Turquie se garde, par prudence, de condamner publiquement et clairement le terrorisme de l’EI . Le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, qui succédera à Erdogan au poste de Premier ministre, pense que l’EI représente juste une «foule en colère».
Les otages sont désormais utilisés comme des « boucliers humains »
Jusqu’ici, Erdogan n’a rien dit sur l’EI si ce n’est que le gouvernement turc attend que l’organisation libère les 49 diplomates turcs qu’elle retient en otage. Il a vivement réagi face aux critiques des partis de l’opposition, mais a décidé d’imposer un blackout médiatique concernant les otages. Et cette interdiction est toujours en vigueur. La sécurité des 49 diplomates qui travaillaient au consulat turc de Mossoul est, bien sûr, de première importance. Il est de la responsabilité du gouvernement de s’assurer que ces personnes rentrent chez elles et retrouvent leur famille saines et sauves. Malheureusement, cette interdiction de parler ou de s’interroger sur ce problème n’a plus de sens aujourd’hui, puisque cette organisation violente utilise déjà ces 40 citoyens turcs comme des «boucliers humains». Il faut remettre en cause ce fait et ses responsables doivent être appelés à rendre des comptes. Erdogan, Davutoglu et l’AKP doivent répondre à un certain nombre de questions urgentes sur ce sujet.
Le silence du MIT et du gouvernement turc
Pourquoi les services de renseignement turcs (MIT) ne sont-ils pas appelés à expliquer la raison pour laquelle ils ont échoué à prévoir la montée de l’EI qui a finalement réussi à s’emparer de Mossoul ? Même si le MIT déclare être «informé à l’avance des développements au Moyen-Orient», comment peut-il expliquer ce développement-là ? Comment Davutoglu, qui aurait dit aux employés du consulat de ne pas quitter l’enceinte du bâtiment «parce que l’EI n’est pas [notre] ennemi», peut-il avoir la conscience tranquille ? Ce n’est plus un secret pour personne, l’EI peut librement utiliser notre frontière commune avec la Syrie, en particulier la portion de la province de Hatay, l’organisation peut obtenir un traitement médical pour ses militants turcs blessés et recrute des militants en Turquie. Est-ce le résultat de la faiblesse de l’autorité étatique ? Ou la Turquie ferme-t-elle délibérément les yeux sur la mobilité de l’EI ? Apparemment, la communication entre les otages et la Turquie a été interrompue à cause des meetings de campagne d’Erdogan. Pourquoi Erdogan reste-t-il silencieux face à ces allégations alors qu’il est toujours prêt à réagir aux critiques ? Comment un Premier ministre peut-il faire une telle erreur qui mettrait en péril la vie des otages ? Les pourparlers pour la libération des otages qui se font actuellement dans le secret vont-ils être rendus publics un jour ? Seront-ils traités comme un «secret d’Etat» ? Par exemple, il y a des rumeurs selon lesquelles le gouvernement aurait déclaré que toute attaque contre le tombeau de Suleiman Chah, enclave turque en Syrie, serait un casus belli (cause de la guerre) – mais que l’enclave aurait été cédée à l’EI en échange de la libération des otages. Les questions abondent. Et il semble qu’elles ne sont pas prêtes d’être rayées de l’agenda politique. De fait, l’EI est devenu un problème mondial et le gouvernement n’est pas prêt de donner des explications claires et convaincantes. Assez curieusement, les premiers responsables de ce fiasco, c’est-à-dire Davutoglu et le chef du MIT Hakan Fidan, se retrouveront peut-être tous deux au sein du nouveau gouvernement. Il doit y avoir une explication.
Zaman France
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Cafer SOLGUN c.solgun@todayszaman.com« >c.solgun@todayszaman.com