Le contexte international change les discours médiatiques. La prise de contrôle du nord de l’Irak par des djihadistes et l’attentat perpétré à Bruxelles contre un lieu juif par un islamiste qui avait combattu en Syrie ont fait évoluer les discours publics.
Comment cette évolution se manifeste‑t‑elle ?
Les différents médias ne mettent plus en avant les mêmes souffrances. Les grands journaux vont aux frontières du Kurdistan irakien autonome pour interroger des réfugiés fuyant le nouveau pouvoir de Mossoul, encore plus islamiste que le précédent. Les médias changent aussi d’experts. Un certain nombre de médias ont interrogé Frédéric Pichon, historien et arabisant, à propos de son livre Syrie, pourquoi l’Occident s’est trompé, paru aux éditions du Rocher.
Que nous apprend ce livre ?
Il décrit de manière précise et souvent cruelle les erreurs de la diplomatie française et atlantiste face au soulèvement islamiste en Syrie. Il met en lumière les choix extrémistes du Quai d’Orsay. Choix de ne pas voir que dès le premier mois du soulèvement, des armes sont apparues chez les insurgés et des atrocités contre les forces du régime, comme ces policiers dépecés et jetés dans une rivière à Jisr al Choghour. Choix aussi de refuser de recevoir et de laisser s’exprimer des opposants syriens modérés venus en France cinq mois après le début du conflit pour demander une solution de compromis sans intervention étrangère. La diplomatie française a aussi largement utilisé l’argument moraliste à sens unique en attribuant systématiquement les atrocités de la guerre au gouvernement syrien.
Comment s’expliquent ces choix contestables ?
L’incompétence et l’adhésion à une vision de fait néoconservatrice du monde ont pu jouer un rôle. Dans un État en grande détresse, la place des négociations de contrats d’armement et de grandes entreprises avec le Qatar a aussi pu jouer un rôle.
Source : Novopress.info