La situation est grave pour le Liban, notamment à Ersal où il y a désormais près de 100.000 personnes. Autrement dit, il y a un tiers de Libanais contre deux tiers de Syriens, qui font la loi dans cette bourgade.
Selon les experts militaires, les combattants de l’opposition syrienne ont fui vers deux villages, Flita et Rankous. Flita est la dernière localité avant Ersal, alors que Rankous fait face à Baalbeck. Les sources proches de l’armée syrienne affirment que Flita ne peut pas tenir longtemps et que sa prise est l’affaire de quelques jours. Par contre, Rankous est située dans le jurd et elle est plus difficile d’accès. Toutefois, l’élément important, c’est que les combattants réfugiés à Flita peuvent, si celle-ci tombe, aller se cacher dans le jurd de Ersal, alors que ceux de Rankous ne peuvent pas prendre le chemin de Baalbeck. Ils devront, dans ce cas, rester dans les montagnes du Qalamoun qui séparent la frontière libanaise de la Syrie pour quelque temps, la géographie des lieux pouvant leur servir d’abri provisoire. Mais au final, nul ne peut nier l’importance de la chute de Yabroud aussi bien pour le rapport de force sur le terrain en Syrie que pour le Liban, puisque les dernières enquêtes montent que dix des voitures bourrées d’explosifs envoyées récemment au Liban avaient été piégées dans cette localité.
La question qui se pose aujourd’hui est la suivante: la chute de Yabroud entre les mains des forces du régime signifie-t-elle la fin des attentats au Liban? Une source sécuritaire autorisée répond rapidement qu’il n’en est rien. Le rythme des attentats peut se ralentir car les terroristes ont moins de facilités dans les déplacements et la logistique, mais cela ne les empêche pas d’avoir encore beaucoup de moyens. Auparavant, ils s’emparaient des voitures volées au Liban et les envoyaient à Yabroud pour y être piégées, mais ils peuvent désormais les préparer à exploser au Liban même.
De plus, certains combattants ont visiblement fui Yabroud avec des voitures piégées, dont on ignore le nombre exact. En 24 heures, l’armée en a trouvé deux, une qui a explosé à Nabi Osman parce qu’elle avait été repérée et l’autre a été découverte par l’armée qui l’a fait exploser.
La source sécuritaire autorisée précise que la situation est grave pour le Liban, notamment à Ersal où il y a désormais près de 100000 personnes. Autrement dit, il y a un tiers de Libanais contre deux tiers de Syriens, qui font la loi dans cette bourgade. Et même si l’armée a dressé des barrages dans la région, elle ne peut pas en contrôler toutes les allées et venues, d’abord parce que les effectifs postés sur place sont insuffisants et surtout parce qu’il n’y a pas de décision politique en ce sens. Une telle décision, précise la source sécuritaire précitée, devrait être prise au plus haut niveau de l’État, et être claire et ferme. L’armée a déjà préparé un plan pour empêcher l’extension géographique des éléments armés à d’autres régions du pays, mais elle ne peut pas l’appliquer sans un feu vert de la part de toutes les parties. La situation est d’autant plus grave que le système social dans la Békaa est basé sur les clans et les tribus (les acha’ër), notamment dans la région de Baalbeck et ses environs, et dans la région de Ersal et ses environs. Et ce système considère la vendetta comme un devoir lorsque la tribu ou le clan sont attaqués… Comme les derniers obus tombés sur les localités chiites autour de Baalbeck proviennent de la zone entre Flita et Ersal, et du jurd de cette dernière, les tribus de Baalbeck pourraient décider de riposter conformément au principe de vendetta. Une véritable guerre pourrait alors éclater entre ces deux régions sans que l’armée puisse s’interposer. Certes, jusqu’à présent, Amal et le Hezbollah parviennent à juguler la colère des familles et des clans, mais si les bombardements et les attentats deviennent plus violents, comment être sûr que la situation restera sous contrôle?
Source : L’Orient Le-Jour
Légende : Yabroud reconquise par l’armée syrienne