Les 13 religieuses syriennes et libanaises du couvent grec-orthodoxe de Sainte-Tècle, à Maaloula, et leurs trois auxiliaires, enlevées le 3 décembre 2013 par les extrémistes du Front al-Nosra –la branche officielle d’Al-Qaïda en Syrie-, ont été libérées lundi à l’aube.
Détenues depuis plus de trois mois dans la ville de Yabroud, dans le Qalamoun, les moniales sont arrivées lundi à 1h30 au poste frontière syrien de Jdeidet Yabous, après un voyage rocambolesque de neuf heures, qui les a conduit, dans un froid glacial, de Yabroud aux hauteurs de Ersal, avant de rebrousser chemin, après des complications de dernières minutes, pour repartir ensuite vers Jdeidet Yabous en passant par Ersal.
Arrivée dans un état de grande fatigue, les religieuses ont été accueillies par le directeur de la Sûreté générale libanaise, Abbas Ibrahim, l’archevêque grec-orthodoxe de Damas et vicaire patriarcal de cette communauté, Louka al-Khoury, et une foule d’officiels syriens, de journalistes, et des membres de leurs familles.
La libération de ces 13 moniales et de leurs trois auxiliaires est le résultat de longues négociations menées avec les ravisseurs par le général Ibrahim par l’intermédiaire du chef des services de renseignements qataris, Ghanem al-Kubeissi, arrivé à Beyrouth samedi pour finaliser l’accord. Après avoir affiché pendant des mois une grande fermeté, les ravisseurs ont revu à la baisse leurs revendications ces derniers jours, surtout depuis l’intensification de l’offensive syrienne dans la région de Yabroud, dernier bastion rebelle dans le Qalamoun, qui est passe d’être entièrement encerclé. S’adressant aux journalistes à la frontière syro-libanaise, l’archevêque Louka al-Khoury a d’ailleurs déclaré que «ce que l’armée syrienne a réalisé à Yabroud a facilité la libération des nonnes». Après avoir réclamé la libération de 500 détenus hommes et femmes des prisons syriennes et de dizaines d’islamistes détenus au Liban, les ravisseurs ont tempéré leurs demandes. Ils ont obtenu en échange de la remise en liberté des moniales de Maaloula la libération de 153 prisonnières détenues par le régime syrien. Parmi les femmes libérées figure l’épouse d’un haut responsable d’al-Nosra, Saja al-Douleimi, et ses quatre enfants, qui ont été les premiers et arriver à Yabroud. Plus tard, 149 autres détenues libérées ont été remises à la Sûreté générale libanaise. Mais l’opération a failli échouer à la dernière minute après que les ravisseurs eurent réclamé la libération de dix femmes supplémentaires, ce qui explique le retard dans la mise en œuvre de l’accord. Pour exercer des pressions, les ravisseurs ont ramené les religieuses à Yabroud. Mais l’intervention énergique de M. al-Kubeissi a permis d’aplanir les obstacles apparus en cours de route. Le général Ibrahim a assuré que l’accord pour la libération des religieuses «impliquait uniquement la remise en liberté de plus de 150 personnes en échange», démentant les informations sur le versement d’une rançon. Toutefois, diverses sources ont assuré qu’une somme d’argent a bien été remise au Front al-Nosra. Le quotidien An Nahar parle quatre millions de dollars, alors que d’autres médias avancent le chiffre de 15 millions. Le général Ibrahim a déclaré à l’Agence nationale d’information (Ani, officielle) que les efforts se poursuivent pour la libération des deux évêques d’Alep, Boulos Yazigi et Youhanna Ibrahim, enlevés en mai dernier par des rebelles extrémistes. Le tandem Ibrahim-Kubeissi avait déjà obtenu la libération des pèlerins libanais enlevés par les rebelles dans le nord de la Syrie en 2013. Pendant ce temps sur le terrain, l’armée syrienne poursuit sa progression. Elle s’est emparée, après un mois de combats, de la localité de Zara, proche du célèbre château croisé du Krak des Chevaliers, dans la région de Homs, non loin de la frontière libanaise. Les rebelles encerclés dans la citadelle, au nombre d’un millier, sont désormais privés de toute voie de ravitaillement.
Source : Médarama