La cour constitutionnelle turque a ordonné vendredi 7 mars la remise en liberté de l’ancien général Ilker Basbug, condamné en août dernier à la réclusion à perpétuité, ouvrant ainsi la voie à la libération de 200 autres militaires turcs.
La décision fait suite à un arrêt rendu jeudi par la Cour constitutionnelle, qui a estimé que l’incarcération d’Ilker Basbug pour son rôle présumé dans le complot ultranationaliste « Ergenekon » violait ses droits dans la mesure où le tribunal chargé de le juger n’avait pas publié de compte rendu détaillé du verdict. Basbug, ancien chef d’état-major de l’armée, est détenu à la prison de Silivri, près d’Istanbul, depuis 26 mois, dans le cadre de l’enquête sur Ergenekon. La décision de justice le concernant pourrait servir de précédent aux quelque 200 autres personnes en détention dans le cadre de l’enquête sur ce complot. »Ce verdict est très important, mais malheureusement, nous n’avons été que maintenant en mesure de remédier à l’injustice(…), après plus de deux années d’emprisonnement », a dit l’avocat d’Ilker Basbug, Ilkay Sezer, à la presse devant le tribunal istanbouliote qui a rendu sa décision. Le procès Ergenekon, qui a duré cinq ans, a représenté le point d’orgue d’une décennie de lutte larvée entre le parti au pouvoir, l’AKP, et l’élite laïque. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, est aux prises avec l’un de ses puissants anciens alliés, l’imam Fethullah Gülen, en exil aux Etats-Unis, qu’il accuse d’avoir orchestré, via ses soutiens présumés au sein de l’appareil judiciaire et de la police, l’enquête de corruption qui a visé son gouvernement. Erdogan aurait compté fortement sur l’influence de Fethullah Gülen pour briser la toute-puissance de l’armée, laquelle a perpétré trois coups d’Etat de 1960 à 1980 et a acculé à la démission un gouvernement islamiste en 1997.
Agences