Toute l’équipe d’Afrique Asie souhaite une excellente année à ses lecteurs, et leur offre… l’édito du dernier numéro, en vente en kiosque.
Ramtane Lamamra, le ministre algérien des Affaires étrangères et la Coopération internationale, a dit les mots justes en commentant la libération de la ville syrienne d’Alep de ses bourreaux terroristes, qui avaient pris sa population en otage depuis 2012. Depuis le 4e Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique qui se tenait à Oran, il n’a pas hésité à appeler un chat un chat et un terroriste un terroriste, et non un « opposant modéré », comme l’ânonnent les charlatans et les sponsors médiatiques et politiques de la mal nommée « révolution syrienne ». « Ce que font les groupuscules armés dans la ville d’Alep est du terrorisme. Et la reconquête d’Alep par l’État syrien constitue une victoire contre le terrorisme. À Alep l’État a gagné et les terroristes ont perdu. » Point à la ligne.
Ramtane Lamamra, fin connaisseur des questions de la sécurité, notamment en Afrique (il avait occupé le poste stratégique de Commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine avant d’être nommé en 2013 à la tête de la diplomatie algérienne) n’ignorait pas que son pays était visé au même titre que la Syrie, l’Irak, la Libye et le Yémen.
Comme la Russie et la Chine, la politique étrangère de l’Algérie, alors même que le peuple algérien luttait pour son indépendance, est viscéralement attachée au droit international et rejette toute tentative de régime change. Sa position vis-à-vis du Sahara occidental traduit son respect de ce droit. Comme vis-à-vis de la Palestine.
En saluant « la défaite du terrorisme à Alep », Ramtane Lamamra a voulu justement remettre à leur place certaines cassandres qui, prenant leurs désirs pour la réalité, « croient pouvoir transposer leur fantasme en Algérie ». Celles qui n’ont pas digéré le fait qu’elle soit le « premier État à avoir vaincu le terrorisme ». Et à quel prix !
À l’aube de l’année 2017, Alep outragée, Alep brisée, Alep martyrisée mais Alep libérée constitue, à n’en pas douter, une raison d’espérer. C’est le début de la fin d’un cauchemar qui entre, en mars prochain, dans son septième anniversaire. Elle ouvre la voie à un véritable dialogue inter-syrien, désormais sponsorisé par l’axe Moscou-Téhéran-Ankara. C’est aussi une débâcle pour tous les apprentis sorciers qui avaient cru tirer bénéfice de l’instrumentalisation du terrorisme et de la religion pour atteindre des objectifs géopolitiques.
Ces monstres échappent désormais en partie à leurs créateurs et sèment la terreur et la désolation en terre occidentale, après avoir sévi dans leurs pays d’origine. Paris, Nice, Bruxelles et Berlin sont là pour en témoigner. Espérons que 2017 conduira les décideurs occidentaux à cesser ce jeu morbide.
L’inattendue élection de Trump aux États-Unis et la montée en puissance en Europe des courants isolationnistes et repliés sur eux-mêmes se traduiront, au moins nous l’espérons, par l’abandon des stratégies interventionnistes qui se sont soldées par des désastres. Certes, le nouveau locataire de la Maison-Blanche sera amené, tôt ou tard, à se renier pour tenir compte des réalités et adapter les moyens en conséquence. Il aura forcément des priorités. La Chine en est une pour les Américains. Le soutien à Israël aussi. On pourra donc parier, sans être démentis, que le calvaire du peuple palestinien va se poursuivre.
Mais la priorité des priorités de Trump sera sans doute la lutte contre le terrorisme, devenu un péril planétaire. Pour y parvenir, l’alliance avec la Russie, mais aussi avec tous ceux qui contribuent à combattre ce fléau, donc la Syrie et l’Irak, s’imposera.
Cette guerre mondiale contre le terrorisme – et contre les causes du terrorisme –, pour bien mériter son nom, devrait s’étendre plus sérieusement à l’Afrique. Un continent touché avec la Libye, le Sahel, le pourrissement de la question sahraouie, l’extension de Boko Haram à partir du Nigeria vers son voisinage immédiat, le Sud Soudan, la Corne de l’Afrique… D’autres fléaux frappent ce continent dont une majorité d’habitants vit encore sous le seuil de pauvreté. En même temps, l’Afrique bouge, se réinvente, questionne les modèles de développement qui se sont imposés jusqu’à présent et diversifie les partenaires économiques. Le respect des règles démocratiques devant constituer le point de départ de véritables politiques de redistribution des richesses, et non pas une fin en soi.
La tragédie yéménite, alimentée, tout comme le terrorisme, par l’Arabie saoudite risque, si elle n’est pas circonscrite, de s’étendre à l’ensemble de la région afro-asiatique. Espérons que les pyromanes qui ont allumé l’incendie seront enfin neutralisés. Car il y a péril en la demeure.