C’est une grande dame de l’Histoire contemporaine de la Palestine qui a annoncé, mi-décembre, son départ à la retraite et son retour à Beyrouth, la ville où elle est née en exil. Leila Shahid, ambassadrice à Bruxelles depuis dix ans après avoir représenté son peuple pendant vingt-cinq ans, a été étudiante à Beyrouth et surtout à Paris où elle a passé sa thèse sur les camps palestiniens puis est devenue présidente de l’Union des étudiants palestiniens en 1976. Elle a vécu au Maroc avec son mari, l’écrivain marocain Mohammed Berrada, s’est rendue à Sabra et Chatila avec le dramaturge Jean Genet au moment où ont éclaté les massacres, en 1982, conduits par les phalangistes et l’armée d’invasion israélienne, a été représentante de l’OLP en Irlande, au Pays-Bas et au Danemark. De 1994 à 2005, elle a occupé le poste de déléguée générale de la Palestine en France où son intelligence, son humanisme, l’amour de son peuple et de la Palestine et sa conviction ont convaincu les opinions publiques européennes et attiré les sympathies pour la cause palestinienne.
Au moment où elle quitte la scène diplomatique européenne, l’engagement indéfectible de Leila Shahid n’aura pas été vain : le 17 décembre, le Parlement européen a affirmé son soutien à la reconnaissance d’un État palestinien à une majorité écrasante (498 voix contre 88).