C’est le chercheur et grand spécialiste du Monde arabe et de la Syrie qui l’écrit sur sa page Face book : « En cette veille de Noël le tribunal administratif de Lyon vient de me faire un magnifique cadeau : l’annulation d’une procédure de recrutement à l’IEP de Lyon, dont j’ai été victime en décembre 2014. C’est un fait rarissime en France. J’espère qu’à l’avenir l’état de droit sera mieux respecté à l’Université. Pour ceux que cela intéresse les détails sont dans notre cher quotidien lyonnais ci-dessous ».
Nous proposons aux lecteurs d’Afrique Asie, qui connaissent bien ce grand chercheur, à travers deux entretiens qu’il nous avait accordés, une reprise du quotidien lyonnais (édition du vendredi 23 décembre 2016) qui annonce cette bonne nouvelle sous le titre : Nomination : l’enseignant-chercheur fait condamner l’IEP de Lyon. L’article est signé de Sophie Sophie Majou.
Le spécialiste reconnu du monde arabe, Fabrice Balanche n’avait pas été retenu sur la liste des prétendants au titre de Maître de conférences par l’institut d’études politiques de Lyon.
Qui a dit qu’il n’y avait pas de sélection à l’université ? Le nombre des vaincus est impressionnant, de l’étudiant qui ne passera pas le barrage de la première année, aux enseignants qui n’obtiendront jamais de postes prestigieux. Fabrice Balanche, spécialiste reconnu du monde arabe, l’a appris à ses dépens en postulant à un poste de Maître de Conférences à l’Institut d’études politiques (IEP) « Sciences Po » Lyon. Après avoir été auditionné, son nom ne figurait pas sur la liste transmise par le comité de sélection de l’IEP au conseil d’administration. Pas retenu, il n’avait aucune chance d’obtenir le poste. Et c’est un autre enseignant-chercheur, Haoues Seniguer qui est nommé par le ministre.
Expatrié à Washington
Au lieu de faire profil bas et d’attendre son tour, Fabrice Balanche saisit la justice. Un recours « à vertu pédagogique » plaidera son avocat à l’audience du 2 novembre dernier, avec la volonté de dénoncer « des pratiques trop courantes ». Considérant que l’IEP avait commis «une erreur manifeste d’appréciation», le tribunal administratif de Lyon vient d’annuler la procédure de désignation d’Haoues Seniguer.
Voilà donc l’IEP contraint de revoir sa copie ce qu’il fera en janvier. Les candidatures seront donc réexaminées, et Fabrice Balanche devrait logiquement figurer dans le nouveau classement, sans garantie toutefois d’obtenir la première place, et de facto, le poste initialement convoité. Contacté, le directeur de Sciences Po Lyon ne souhaite faire aucun commentaire. Quant à Haoues Seniguer, il assure avoir appris « la décision avec stupeur et incompréhension » et compte « bien entendu défendre une place chèrement acquise, avec de nombreux sacrifices consentis toutes ces dernières années ». « Au-delà de mon cas personnel, ma surprise tient aussi à la mise en cause de l’avis souverain d’un corps d’enseignants chercheurs réputés pour leurs compétences et sérieux » souligne l’enseignant-chercheur.
Et Fabrice Balanche ? « Cette injustice a été très dure à vivre… j’ai eu du mal à m’en remettre… je me suis expatrié à Washington avec ma famille, où je travaille dans un Think Tank américain » confie Fabrice Balanche. Là-bas, au « Washington Institute for Near Est policy », le chercheur français en disponibilité de l’université Lyon 2, rédige des notes sur la crise syrienne, sans doute lues par le Département d’Etat et le Pentagone…
Sophie Majou
L’IEP ne l’avait pas retenu sur la liste par « courtoisie »
Le Progrès de Lyon, vendredi 23 décembre 2016
https://www.leprogres.fr/…/l-iep-ne-l-avait-pas-retenu-sur-l…
Lorsqu’un poste de Maître de Conférences s’ouvre à l’IEP, Fabrice Balanche a déjà ce titre, à Lyon 2. Profil demandé : « Monde arabe : histoire, géographie, institutions et gouvernance ». Ça tombe bien : Fabrice Balanche a vécu six ans en Syrie, dirigé l’observatoire urbain du Proche Orient à Beyrouth, et le groupe d’études et de recherches sur la Méditerranée et le Moyen- Orient, laboratoire CNRS-Lyon2, IEP, où il travaille en parallèle de Lyon 2. Il candidate. Sur les trente-six dossiers reçus, le comité de sélection de l’IEP en sélectionne sept pour l’oral. Fabrice Balanche est de ceux-là. Mais lorsque le jury transmet sa short list, par ordre de préférence, des cinq prétendants au titre, au conseil d’administration de l’IEP, le chercheur n’y figure pas. Fabrice Balanche saisit le tribunal administratif de Lyon. « Mon client met un grand coup de pied dans la fourmilière… il est très courageux… Après, il sera grillé… » annonce son avocat à l’audience. Du côté de l’IEP on explique en substance aux juges avoir fait une fleur à Fabrice Balanche en ne le sélectionnant pas sur la short list. De « courtoisie», il serait question. « Il est hors classement. On ne souhaitait pas le classer après de jeunes doctorants…». L’institut craignait, compte tenu de son CV, que le candidat Balanche, ne se satisfasse pas d’un poste de Maître de Conférences bien
longtemps à Lyon, et préfère briguer un poste de professeur des universités ailleurs. Pour le tribunal, « l’IEP ne verse au dossier aucun élément permettant de connaître les motifs de la non inscription du requérant sur les liste des candidats classés ». Conséquence : la procédure de recrutement est annulée et avec elle, la nomination de Seniguer, L’IEP est prié de se prononcer à nouveau sur les candidatures dans un délai de trois mois. Ambiance.
Sophie Majou
https://www.leprogres.fr/…/nomination-l-enseignant-chercheur…