Le ministère jordanien de l’Éducation, Mohammad Thuneibat, a entamé une réforme des livres scolaires des trois premiers cycles. L’objectif est de combattre l’extrémisme dans la société, et, sous-entendu, l’influence des Frères musulmans et autres extrémistes. Ainsi les livres d’Histoire abordent autant l’islam que la reconnaissance des chrétiens en tant que composante démographique de la population, avec des illustrations de mosquées et d’églises. Autres exemples : des versets du Coran ont été retirés, tandis que la photo d’une femme voilée a été remplacée par celle d’une femme dévoilée. Dans les livres en arabe du troisième cycle, un verset coranique a été remplacé par un texte sur la natation.
La réforme est soutenue par la reine Rania qui, le 5 septembre, a violemment critiqué le système éducatif et son faible niveau. La réforme a, bien sûr, provoqué des protestations de la part des Frères musulmans. L’Islamic Action Front (IAF) estime qu’elle est « un affront à [notre] héritage et aux valeurs visant à éloigner les générations futures de leur religion, de leur identité arabe, de leur histoire et de leurs traditions ». À quoi Mohammad Thuneibat répond : ceux qui portent « des jugements inconsidérés devraient comprendre que les nouveaux livres visent à développer la pensée et la capacité d’analyse et à éviter de bourrer le crâne des élèves avec des informations erronées ».
Cette politique réformatrice n’est pas partagée par tous les membres du gouvernement, aujourd’hui démissionnaire. L’assassinat, le 25 septembre, de l’écrivain et chroniqueur progressiste Nahed Hattar, pour une prétendue « atteinte à la personne divine », après une campagne de lynchage médiatique et judiciaire initiée par le premier ministre en personne, en dit long sur la duplicité et l’hypocrisie en cours au sein d’un pouvoir tétanisé par les wahhabites de tout acabit…