Le retour du président de la république malien par intérim, Dioncounda Traoré, sonne le moment d’une reprise en main du pays, qui devrait conduire à des décisions importantes attendues depuis longtemps, concernant le nord du pays.
Deux jours après son retour de Paris et alors que les premières lapidations sont signalées dans le nord du pays occupé par les groupes islamistes depuis quatre mois, le président de la république du Mali par intérim, Dioncounda Traoré, a déclaré que le Mali est engagé « dans une course contre la montre », soulignant que la priorité est à l’ « union sacrée ». Le président Traoré était soigné depuis le mois de mai à Paris après une agression dans son bureau à Bamako. Dès son retour, il a annoncé la création de nouveaux organes de transition visant à réduire les pouvoirs du Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Assisté de deux vice-présidents – dont l’un sera chargé des questions de défense et de sécurité et de la gestion de la crise dans le nord – il prendra la direction du nouveau Haut conseil d’État (HCE). Le président Traoré a également annoncé qu’il formerait lui-même, d’ici le 7 août, le gouvernement d’union nationale demandé par les États de la Cédéao.
Le célèbre astrophysicien Cheick Modibo Diarra n’aura donc pas fait ses preuves, contesté très vivement par la société civile et politique malienne. Il lui a été reproché de ne pas avoir réagi suffisamment vite face à l’offensive islamiste, notamment de ne pas avoir immédiatement demandé l’intervention d’une force militaire régionale. Son attitude tiède à l’égard du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef des putschistes qui avaient renversé, en mars, le président Amadou Toumani Touré, exilé depuis au Sénégal, a pesé, également, lourd dans le mécontentement des Maliens. Il a, cependant, annoncé qu’il ne démissionnerait pas de son poste de Premier ministre, Traoré tranchera. La première mission du nouveau gouvernement d’union nationale sera de lancer, avec la Cédéao qui veut un mandat de l’ONU au préalable, une contre-offensive dans le nord.
La transition menée par Dioncounda Traoré a été saluée en Afrique de l’ouest, par la médiation burkinabé, notamment, qui a proposé de prolonger, si nécessaire, le délai de formation du gouvernement d’union nationale. « Le principe est louable, à savoir que ce soit lui, président de la République du Mali, constitutionnellement reconnu comme l’autorité légitime, qui coiffe toutes ces institutions qui seront mises en place par ses soins juste pour associer toutes les forces vives de la Nation à la gestion de la transition », a déclaré Djibrill Bassolé, le chef de la diplomatie burkinabè. Par ailleurs, il semblerait que le capitaine putschiste Sanogo a décidé de reconnaître la légitimité du président par intérim et que l’armée soit rentrée dans les rangs. Le Mali se réorganise, de sa cohérence dépend l’avenir des populations du nord martyrisées, et l’unité du pays.
(avec AFP)