Dès l’embouchure de la voix, le charme opère. La mélodie, finement ciselée, s’envole suave. En ouverture de Whispering (Chuchotement), nouvel EP de Maë Defays disponible depuis la mi-janvier, Peace introduit dans les univers feutrés de la chanteuse. Des atmosphères intimistes, éclairées de ferveur ou teintées de mélancolie. Dans La vie entière, à la sixième plage, un cachet saisissant de nostalgies et d’espérances séduit d’emblée.
Depuis l’enfance, les talents de la jeune femme se forgent dans une famille d’artistes. La musique, la danse et le cinéma nourrissent son esprit avec l’amour pour le son puisé au fond du coeur, le goût du mouvement de l’expression et l’évocation de l’image que l’on retrouve dans ses compositions.
Les huit pièces de cet écrin d’émotions distillées avec soin dévoilent une signature vocale surprenante, un tempérament solide auréolé d’une grâce à l’apparence fragile, touchante dans les enluminures du chant.
Maë susurre, suggère cieux bleutés et descentes terriennes, nous emporte avec elle en voyage dans les tréfonds de l’âme. Autour de son chant lead, des voix, à peine étouffées ou en plénitude, se lèvent, appellent ou se chevauchent dans les effets oniriques. Entourées par guitares, basse, batterie, violon, cuivres, clavier et percussions, ses interprétations demeurent sobres, pures dans la diction. A mi-chemin entre la liberté créatrice du jazz et l’inspiration profonde de la soul.
Graine de star classée « en tête des chanteuses soul-jazz les plus talentueuses du 21ème siècle » par Jazz Radio, la vocaliste est de sang caribéen de la part de sa mère. Elle nous régale en clôture de l’EP un petit chef d’œuvre de brumes insulaires, Kréyol, accompagné par le doigté trépidant de Mario Canonge. Jamais si authentique, son chant s’y étire intense, presque lancinant dans les airs poignants de poésie.
Luigi Elongui
Disque : Whispering, Trois Rives Productions
Concert : lundi 9 mars au New Morning, 7-9, rue des Petites Ecuries, Paris 10ème