Gesticulation quelques jours avant la visite du pape au pays du Cèdre.
Longtemps critiqués pour avoir «soustraie» la banlieue sud de Beyrouth à l’autorité de l’Etat, le Mouvement Amal et le Hezbollah, qui la contrôlent, ont apporté leur soutien politique total à l’Armée libanaise qui a pris des mesures de sécurité inédites dans cette région, considérée comme le bastion de la Résistance. Des unités de l’armée avaient procédé, en fin de semaine dernière, à des perquisitions dans le quartier de Roueiss, le fief du clan al-Moqdad, pour exécuter des commissions rogatoires et des mandats d’arrêts émis par la justice dans le cadre de l’affaire de l’enlèvement d’un ressortissant turc et d’une trentaine de Syriens anti-régime, pour les échanger contre Hassan al-Moqdad, enlevé le 13 août par des rebelles syriens à Damas. Des échanges de coups de feu avaient eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi, et plusieurs personnes avaient été arrêtées, dont Hassan al-Moqdad, le frère du chef du clan Maher al-Moqdad.
L’armée avait annoncé la poursuite de ses opérations jusqu’à la libération des otages, et des mesures de sécurité exceptionnelles dans cette région du pays avaient été mises en place. Des soldats ont été déployés sur les toits des immeubles et des patrouilles de l’armée ont sillonné les rues. Le président du Parlement, Nabih Berry (chef du mouvement chiite Amal et président du parlement, a estimé dans des déclarations à la presse que l’«arrestation de repris de justice dans la banlieue sud est tout à fait normal, et cet exemple devrait être étendu à l’ensemble des régions libanaises. Le Hezbollah et Amal se tiennent aux côtés de l’armée qui exécute les missions qui lui sont confiées pour préserver la sécurité.» «Nous avons une confiance totale dans les orientations patriotiques de l’institution militaire et de son commandement», a ajouté M. Berry dans une déclaration au quotidien As Safir. Le président du Parlement, qui est en même temps chef du Mouvement Amal, a souligné que la «Résistance a existé à l’origine pour défendre l’Etat et non pas pour prendre sa place. Aussi, non seulement nous appuyons toutes les mesures prises par l’armée pour accomplir sa mission mais nous appelons au renforcement de la présence des troupes régulières dans la banlieue sud. Il faut en finir avec la logique de la sécurité par consentement dans toutes les régions».
Cette attitude positive des deux principales forces chiites du pays, longtemps accusées de vouloir se substituer à l’Etat, intervient à un moment où les députés et forces islamistes du Akkar (frontalier de la Syrie) s’apprêtaient à recourir à l’escalade pour protester contre la libération par la justice militaire des trois officiers arrêtés dans le cadre de la mort à un barrage de l’armée du cheikh Ahmad Abdel Wahed et de son garde du corps, le 20 mai. Fortement embarrassée, la coalition du 14-Mars (opposition anti-syrienne et anti Hezbollah) a choisi de temporiser, annonçant le report de sa réaction au lendemain de la visite du pape au Liban, prévue entre le 14 et le 16 septembre. Pendant ce temps, le clan des Moqdad, pris au dépourvu par la réaction musclée de l’armée, semble déstabilisé. Maher el-Moqdad, a mis au défi l’Armée de retrouver le ressortissant turc kidnappé. «Je dis au commandant en chef de l’armée de bien chercher où se trouve le ressortissant turc, et je le mets au défi de le retrouver après ce qui s’est passé, parce que même moi je ne sais pas où il se trouve», a déclaré M. Moqdad au quotidien al-Akhbar lundi. «Je ne comprends pas pourquoi l’armée a fait cette démonstration de force et intimidé nos femmes et nos enfants », a-t-il dit. Selon lui, des soldats encagoulés ont «perquisitionné d’une manière inappropriée la maison de Hassan el-Moqdad».