Cohérente avec sa stratégie de lutte contre le terrorisme, l’Algérie a mis en pratique à In Amenas les principes qu’elle n’a cessé de promouvoir sur le plan international : pas de négociation, pas de paiement de rançon.
Faire face avec détermination ou plonger la tête dans les sables chauds d’In Amenas en attendant la bénédiction d’on ne sait quelle partie soucieuse de ses intérêts immédiats et des réactions de son opinion publique, mais sans aucun égard pour les intérêts de l’Algérie, de son peuple et de tous les pays réellement engagés dans la lutte contre ce fléau ? Pour Alger, confronté à la plus grave prise d’otages jamais enregistrée sur son territoire, et au risque avéré d’une catastrophe humaine, écologique et économique majeure, le dilemme ne s’est à aucun moment posé en ces termes biaisés. Car transiger avec ces assassins aurait « autorisé » de facto d’autres opérations meurtrières de ce genre.
Les autorités, en revanche, se sont posées la question cruciale du nombre de victimes, algériennes et étrangères, qu’entraînerait une intervention militaire. Elles y ont répondu dans un premier temps en proposant une solution sans violence, impliquant la libération des otages et la reddition sans condition des terroristes. En vain. Face à un ennemi lourdement armé et qui cherchait une médiatisation à grande échelle de son raid, les autorités ont donc décidé d’agir sans attendre…
L’Algérie s’était préparée à affronter les débordements du conflit chez son grand voisin du sud, qu’elle s’était employée à prévenir en favorisant le dialogue entre le pouvoir central de Bamako et les rebelles non impliqués dans le terrorisme. Elle s’était également préparée à faire face au chaos créé par l’intervention criminelle de l’Otan et de ses supplétifs du Golfe en Libye.
Si, politiquement, il n’était pas question de négocier ni de transiger avec les ravisseurs afin qu’ils ne tirent aucun bénéfice de leur action criminelle, techniquement, les forces spéciales algériennes s’étaient entourées du maximum de précautions et de garanties pour minimiser les pertes humaines. La tuerie qui a suivi est essentiellement due aux ravisseurs. Ils ont assassiné la quasi-totalité des otages lorsqu’ils ont compris qu’ils ne pouvaient pas les emmener avec eux dans leur fuite, afin de tenter de les monnayer du fin fond de leur sanctuaire malien ou libyen.
Cette opération terroriste n’a pu être improvisée en quelques jours. Et leurs auteurs, qui agissaient en kamikazes, devaient savoir qu’il ne leur serait laissé aucune autre issue que la reddition ou la mort. Pour eux, la vie de captifs innocents et des populations environnantes, qui auraient immanquablement été affectées par l’explosion programmée du site gazier, n’entrait pas en ligne de compte. Telles étaient leurs consignes. Ils ont été entièrement responsables de ce carnage. Il ne saurait être question de faire des agressés les agresseurs…
Tous les spécialistes de la guerre anti-terroriste, ceux du terrain, qui ont été confrontés à des situations du même ordre, ont approuvé l’option algérienne dans ses moindres détails. Certains ont même fait valoir que les logiques médiatique et diplomatique que l’on a tenté de faire prévaloir, non sans une désinvolture coupable, ne pouvaient se confondre avec la logique opérationnelle, la seule qui compte dans ces moments tragiques et décisifs. Il n’aura échappé à personne enfin qu’entre l’option algérienne, en dépit de ses conséquences douloureuses sur les otages, et la paralysie induite par certains « conseilleurs, mais qui ne sont pas payeurs », aucun choix n’était permis. À In Amenas, la fermeté a prévalu. Reculer devant les terroristes, c’était les autoriser à avancer. Alger n’est pas tombé dans ce piège.
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