Le président de la République Abdelaziz Bouteflika, candidat aux élections présidentielles du 18 avril 2019, s’est engagé, dimanche à Alger, à organiser, s’il sera réélu le 18 avril prochain, une élection présidentielle anticipée conformément au calendrier arrêté par la conférence nationale indépendante, précisant qu’il ne sera pas candidat à cette élection qui assurera sa succession ».
Dans un message de candidature à l’élection présidentielle, que devrait lire son directeur de campagne, Abdelghani Zaalane après le dépôt du dossier de candidature, M. Bouteflika s’est dit « déterminé » en cas de sa réélection à « assumer la responsabilité historique de la concrétisation de l’exigence fondamentale du peuple, c’est-à-dire le changement du système », ajoutant que « dans cet esprit, je prends solennellement devant Dieu, et devant le peuple algérien, plusieurs engagements ».
En ce sens, il s’est engagé à organiser « une élection présidentielle anticipée conformément au calendrier arrêté par la conférence nationale indépendante. Je m’engage à ne pas être candidat à cette élection qui assurera ma succession dans des conditions incontestables de sérénité, de liberté et de transparence. La date de cette élection présidentielle anticipée sera fixée par la conférence nationale », a souligné le Président Bouteflika dans son message, qui énuméré six engagements.
Il s’est ainsi engagé à tenir « juste après l’élection présidentielle, d’une conférence nationale inclusive et indépendante pour débattre, élaborer et adopter des réformes politiques, institutionnelles, économiques et sociales, devant constituer le socle du nouveau système rénovateur de l’Etat national algérien en harmonie avec les aspirations de notre peuple », de même que « l’élaboration et l’adoption par référendum populaire d’une nouvelle Constitution qui consacrera la naissance de la nouvelle République et du nouveau système algériens ».
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Le chef de l’Etat a en outre évoqué « la mise en œuvre rapide de politiques publiques garantissant une redistribution des richesses nationales plus juste et plus équitable et l’élimination de la marginalisation et de l’exclusion sociales, y compris le phénomène de la Harga, ainsi qu’une mobilisation nationale effective contre toutes les formes de corruption ».
L’autre engagement pris par le Président consiste en « la prise de mesures concrètes pour faire de tous nos jeunes des acteurs et des bénéficiaires prioritaires dans la vie publique à tous les niveaux et dans toutes les sphères du développement économique et social », ainsi que « la révision de la loi électorale avec notamment la création d’un mécanisme indépendant d’organisation des élections qui aura la responsabilité exclusive de l’organisation des élections ».
S’exprimant sur sa candidature, il a relevé qu' »il y a quelques jours et en réponse aux sollicitations des citoyens, de la classe politique et de la société civile, dans un esprit d’accomplissement d’un devoir ultime au service de notre pays et de notre peuple, j’ai annoncé ma candidature à l’élection présidentielle du mois d’avril prochain », soulignant que l’Algérie « est le plus grand honneur qui m’ait été fait tout au long de ma vie ».
« Je vous invite instamment à écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire en faisant de l’échéance électorale du 18 avril prochain l’acte de naissance d’une nouvelle république algérienne à laquelle le peuple algérien aspire », a-t-il souligné.
A propos des marches populaires du 22 février et du 1er mars, le Président Bouteflika « a tenu saluer le civisme qui a caractérisé ces marches populaires » ainsi que « le comportement professionnel exemplaire des différents corps de sécurité ».
« Je salue aussi l’attitude de tous nos concitoyens qui ont réservé l’expression de leur opinion pour le jour du scrutin à travers les urnes.
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Je tiens enfin à saluer l’Armée nationale populaire pour sa mobilisation en toutes circonstances dans l’accomplissement de ses missions constitutionnelles », a-t-il ajouté, affirmant qu’il reste « à l’écoute de toutes les opinions qui s’expriment dans notre société ».
« Je fais le serment que je ne laisserai aucune force, politique ou économique, détourner le destin et les richesses de notre nation au profit d’intérêts personnels ou de groupes occultes », s’est en outre engagé le Président.
« J’ai écouté et entendu le cri du cœur des manifestants et en particulier des milliers de jeunes qui m’ont interpellé sur l’avenir de notre patrie. Ces jeunes dont beaucoup ont l’âge porteur de dignité et de générosité que j’avais au moment où j’ai rejoint les rangs de la glorieuse Armée de libération nationale, ont exprimé une inquiétude compréhensible face aux incertitudes qui les animent ».
« J’ai le devoir et la volonté d’apaiser les cœurs et les esprits de mes compatriotes. Je le fais également en tant que président de la République pleinement respectueux de la volonté populaire qui m’a accordé l’insigne privilège de me porter à la magistrature suprême. Je le fais enfin en qualité de candidat à la prochaine élection présidentielle, avec conviction », a conclu le Président son message.
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Dans son message aux citoyens, Abdelaziz Bouteflika promet d’écourter son mandat s’il est élu. Il annonce l’organisation d’une élection présidentielle anticipée à laquelle il ne prendra pas part.
Par Kamel M.
Bouteflika confirme la tenue d’une conférence nationale dès après l’élection présidentielle. Une conférence qui devrait déboucher sur une révision profonde de la Constitution et donner naissance à une deuxième République, tel que souhaité par la majorité des Algériens.
Mais les promesses du candidat à sa propre succession suffiront-elles pour calmer les centaines de milliers de manifestants qui battent le pavé depuis deux semaines pour exprimer leur rejet du cinquième mandat ?
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia et le ministre de la Justice Tayeb Louh avaient évoqué une révision quasi-totale de la Loi fondamentale. Seules les constantes – à savoir l’islam religion de l’Etat et le caractère républicain du régime politique – ne seront pas touchées, avaient assuré les deux responsables politiques.
Le président Bouteflika veut opérer de profondes réformes lui-même avant de tourner la page d’un système politique qui est arrivé à sa fin. Les Algériens ont toujours réclamé le changement et le chef de l’Etat l’avait promis depuis mai 2012, mais la concrétisation de son discours prononcé à Sétif a trop tardé, au point de pousser les Algériens à douter de la sincérité de son engagement.
Bouteflika avait besoin d’une légitimité pour ce faire, d’où sa candidature à un mandat supplémentaire qui ne dépasserait pas six mois. Plusieurs signes montraient qu’il n’allait pas achever le mandat pour lequel il a demandé la confiance des Algériens à travers des «intermédiaires» qui ont échoué à faire passer le message, faisant dans l’excès de zèle et donnant l’impression de vouloir profiter du statu quo et de sauvegarder leurs intérêts personnels.
Ce cafouillage a provoqué la colère de la rue, qui s’est élevée avec véhémence contre ce qu’elle considère comme un acharnement à vouloir se maintenir au pouvoir coûte que coûte. Les premières réactions négatives des citoyens dénotent toute la difficulté qui attend le candidat Bouteflika. La confiance étant rompue, il aura tout le mal du monde à convaincre de l’opportunité de sa stratégie.
Le limogeage d’Abdelmalek Sellal ne peut, dès lors, être interprété que comme un premier réglage visant à corriger les erreurs commises jusque-là. Est-il déjà trop tard ? La réponse est dans la rue.
- M.
Algérie patriotique