Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a réfuté les accusations portées par le gouvernement marocain contre son mouvement au sujet d’un prétendu soutien au Front Polisario. C’est la première fois que le leader libanais évoque publiquement cette question, mais il s’agit du deuxième démenti émanant de cette organisation.
Dans un discours télévisé, vendredi, Nasrallah a affirmé qu’«il n’y a aucun lien» entre le Hezbollah et le mouvement indépendantiste sahraoui, en soulignant que dans le dossier présenté par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, aux autorités iraniennes, «il n’y a pas la moindre preuve de l’existence de liens entre le Hezbollah et le Polisario»*.
Dans une récente sortie, le chef de la diplomatie marocaine apporte de nouvelles justifications de la décision prise par son gouvernement de rompre les relations avec l’Iran. A une chaîne de télévision américaine, il a parlé de «menace» exercée, selon lui, par le Hezbollah sur son pays suite à l’arrestation d’un haut cadre de cette organisation, il y a quelques mois, par les autorités marocaines qui l’auraient, ensuite, remis aux autorités américaines qui le recherchaient. Ce «haut cadre» libanais est soupçonné par les Marocains de conduire un réseau de «blanchiment d’argent» en Afrique, selon Bourita. Mais ce dernier a été incapable d’établir un lien entre cet incident – l’arrestation présumée d’un élément du Hezbollah – et un prétendu envoi d’armes aux combattants du Polisario, avec la complicité d’Alger.
Un diplomate occidental en poste aux Nations unies a vu dans le geste de Rabat envers l’Iran une façon de «rendre la politesse à Washington après le geste américain en faveur du Maroc dans le cadre de la dernière résolution sur le Sahara Occidental, tout cela dans un contexte où les tensions régionales et locales sont exacerbées et poussent partout à des reconfigurations».
Un autre diplomate, représentant un pays arabe, s’exprimant, lui aussi, sous couvert d’anonymat, est persuadé qu’il s’agit d’«une invention totale des Marocains», qui sont, selon lui, «capables de trouver le moindre prétexte pour refuser de se rendre à la table des négociations». Le diplomate rappelle qu’il y a deux ou trois ans, «Rabat avait déjà accusé le Polisario d’entretenir des liens avec Al-Qaïda». Selon lui, cette crise diplomatique «permet au royaume de faire plaisir à ses parrains du Golfe, les Saoudiens et les Emiratis, et d’aller dans le sens du nouveau conseiller à la sécurité nationale…».
- M.
Algérie patriotique
* Voici le passage du discours du Secrétaire général du Hezbollah à propos des allégations marocaines tel que rapporté par le site d’Al-Manar TV :
« Même la politique d’isolation régionale que les USA tentent de provoquer autour de la résistance se soldera par un échec. A ce titre, ils ont monté tout un scénario concernant une soi-disante implication du Hezbollah avec le Polisario. Le Maroc a envoyé son ministre des affaires étrangères en Iran pour l’exhorter à suivre ce dossier avec le Hezbollah, ce ministre a présenté une lettre avec des noms, sans présenter aucune preuve, aucun document , aucune image satellite sur les soi-disant bases d’entrainement du Hezbollah. Pire, quand le ministre des affaires étrangères iranien a demandé au ministre marocain de lui remettre la liste des noms, il a refusé de lui montrer la feuille et lui a dicté les noms pour les inscrire sur une autre feuille ..
Sachez que nous n’avons aucune relation avec le Polisario, aucun contact, voire nous n’avons aucune relation avec le Maroc. Ce scénario est destiné à donner une justification pour que le Maroc rompt ses relations avec l’Iran.. »
Le leader du parti libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah. D. R.