L’exposition de Quai Branly met en évidence le dynamisme extraordinaire des objets d’art en Afrique Centrale
Statuaire et masques de la grande forêt équatoriale, côté Atlantique, témoignent d’un environnement spirituel commun aux peuples qui y ont transité ou y habitent.
Il est fondé sur le culte des ancêtres et l’immanence des génies tutélaires dans les échéances cycliques des communautés.
Dans les formes et les contenus, les objets, sculptés en bois ou en métal, ne se font pas apprécier que pour leurs codes symboliques ou l’abstraction des traits. Là où il est possible d’en établir la datation, même approximative, ils indiquent les aspects significatifs dans l’évolution de la facture conséquents aux déplacements et aux rencontres des populations.
L’exposition Les Forêts Natales, programmée au musée du Quai Branly – Jacques Chirac du trois octobre de cette année au vingt-un janvier 2018, met en évidence cet élément, systématiquement ignoré dans la vision occidentale de ce que l’on appelle « l’art africain ».
Pourtant, les artefacts du génie créateur du continent, qui est collectif sans rien n’enlever à la qualité de l’artisan singulier, s’inscrivent dans le mouvement historique et spatial des groupes humains qui les produisent.
Métissages et hybridations
Les flux migratoires bantu, incessants et suivant une trajectoire d’est à ouest et de nord à sud, ont apporté un dynamisme étonnant aux modalités de la création. De quoi bannir définitivement les conceptions esthétiques anhistoriques dont on affabule les objets de la production matérielle et spirituelle africaine.
En prêtant attention à la succession chronologique et à la localisation géographique des pièces, on pourra constater, avec les correspondances, également changements, variations et différences venant d’échanges, métissages, aller-retour et hybridations.
Cette aire culturelle intègre le Gabon, la Guinée Equatoriale, le sud du Cameroun et l’ouest de la République du Congo. Les œuvres exposées datent entre les siècles dix-septième et vingtième.
Avec les masques, dont ceux en noir et blanc des Punu du Gabon sont particulièrement attrayants, les reliquaires, véritables gardiens des esprits des défunts, sont les objets marquant l’exposition.
Typiques, les figures de reliquaire des Kota, en cuivre, laiton, fer et bois, étaient installées au dessus d’un panier contenant les ossements des morts. Avant toute cérémonie, elles étaient lustrées avec du sable pour en tenir vif l’éclat.
C’est un voyage suggestif au cœur d’une civilisation qui fonde ses valeurs dans la quête d’harmonie avec les forces de la nature et de la surnature.
Luigi Elongui
Les Forêts Natales / Arts d’Afrique équatoriale atlantique. www.quaibranly.fr