Depuis mars 2011, la crise syrienne est passée d’un puissant mouvement social à un conflit confessionnel, puis à une guerre civile, qui s’est généralisée à l’ensemble du pays, depuis l’automne dernier.
Partenaire militaire de la Syrie depuis le début des années 1980, l’Iran vient d’entrer, officiellement, dans la confrontation diplomatique suscitée par la guerre civile syrienne. En présidant une « réunion consultative sur la Syrie », réunissant 29 pays, dont la Russie et la Chine, Saïd Jalili, le représentant du Guide suprême de la Révolution islamique, a affirmé qu’il s’agissait ainsi d’apporter une réponse, « non pas à un conflit interne, mais à une confrontation plus large, opposant l’axe de la résistance à ses ennemis régionaux et globaux », autrement dit le Groupe des amis de la Syrie mis sur pied par la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Depuis mars 2011, la crise syrienne est passée d’un puissant mouvement social à un conflit confessionnel, puis à une guerre civile, qui s’est généralisée à l’ensemble du pays, depuis l’automne dernier. L’attentat de juillet, qui a coûté la vie à plusieurs responsables syriens de premier plan, a radicalisé les dimensions confessionnelles et militaires, qui culminent actuellement avec la bataille d’Alep. Bien que soutenus par les pays du Golfe et les services occidentaux, les insurgés (environ 10 000 hommes) n’auront vraisemblablement pas raison de l’armée gouvernementale, trois fois plus nombreuse, appuyée par des blindés, de l’artillerie lourde et des avions de chasse. La démission de l’émissaire des Nations unies, Kofi Annan, referme désormais la quadrature d’un cercle meurtrier, où Washington et Tel-Aviv entraînent les pays européens à soutenir les monarchies pétrolières sunnites contre l’« arc chiite » et, surtout, l’Iran. En passant par pertes et profits les minorités, au premier rang desquelles les chrétiens de Syrie et par extension d’Orient, nos démocraties prennent la responsabilité de favoriser, comme en Tunisie, en Libye et en Égypte, l’installation de régimes islamiques plus ou moins radicaux. S’ils sont en convergence avec ceux des États-Unis, les intérêts de ces nouveaux pouvoirs ne correspondent pas forcément à ceux de la France.