Intervenant dans le cadre d’un colloque sur « La place et la condition de la femme dans la société omanaise », qui s’était tenu le 22 octobre au palais du Luxembourg (Sénat), Dr Souad Al-Lawati*, Vice-Présidente du Conseil d’Etat ( Sénat ) du Sultanat d’Oman et Professeure associée à l’Université Sultan Qabous, a présenté une vue panoramique et une analyse détaillée du rôle central de la femme omanaise dans le développement global du Sultanat. Le colloque s’est tenu à l’invitation conjointe de Jean-Marie Bockel, Sénateur du Haut-Rhin, président du Groupe d’amitié France-pays du Golfe et ancien ministre et du Dr. Sheikh Ghazi Saïd Albahar Al Rawas, Ambassadeur du Sultanat d’Oman en France.
Les relations franco omanaises se distinguent par leur dimension et leur profondeur historique. Envisagées sous des angles divers, ces relations remontent à plus de trois siècles. Les éléments d’interaction entre les deux pays, liés par des liens d’amitié, s’expriment au travers d’étapes multiples de leur histoire commune. Le parcours historique et civilisationnel du Sultanat d’Oman et la présence omanaise en Afrique de l’Est et dans l’Océan Indien ainsi que la contribution d’Oman à la civilisation humaine sont venues confirmer le rôle et l’importance des relations franco-omanaises. Celles-ci se sont exprimées autant dans le domaine politique, que dans les champs économique, civilisationnel, social et militaire. Par le biais de ces interactions, les échanges culturels ainsi que les processus de communication civilisationnelle aspirent à énoncer et confirmer, dans chacun des domaines de coopération précités, une vision commune associant le Sultanat d’Oman et la République Française. Elles visent également à les mettre en valeur, à leur donner une dimension concrète, et assurer leur pérennité. L’objectif de ces échanges est aussi de permettre leur évolution positive, l’approfondissement des liens d’amitié et la consolidation de la relation entre les deux pays. Je me réjouis d’être parmi vous aujourd’hui afin d’aborder la question de la place de la femme omanaise dans la société et d’échanger nos expériences culturelles dans ce domaine.
La femme actrice centrale du développement
J’aborderai pour ma part la question sous trois axes d’analyse :
En premier lieu, les politiques de protection sociale dont bénéficie la femme omanaise.
En deuxième lieu, la participation sociétale de la femme omanaise dans les domaines du développement.
En troisième lieu, le rôle du Conseil d’Etat ( Sénat ) dans l’élaboration des politiques et des lois relatives aux droits de la femme.
La participation de la femme omanaise dans le domaine d’un développement orienté vers l’édification de la nation plonge ses racines dans l’héritage historique et civilisationnel de la société omanaise. Celle-ci a été marquée tout au long de ses phases historiques successives par une présence forte de la femme dans tous les domaines. Cette présence a connu une impulsion vigoureuse dans le champ du développement avec l’inauguration de la phase dite de « Renaissance omanaise » conduite par SM le Sultan Qabous ben Saïd. Inaugurée en 1970, cette période a constitué un moment de métamorphose sociétale déterminant. Elle a déterminé une réviviscence qui a abouti à un changement profond de la vie au sein du Sultanat et permis l’impulsion d’une phase nouvelle de construction et de développement. Elle a aussi permis, ce faisant, l’avènement d’un Etat moderne capable de garantir à tous le respect des principes de justice, d’équité et d’égalité des chances.
La Chari’a islamique constitue le fondement de la législation dans le Sultanat, conformément à l’article 2 de la Loi Fondamentale de l’Etat promulguée par le décret 96/101 du Sultan. Ces dispositions législatives ont donné à la femme omanaise ses droits juridiques. Les législations omanaises à caractère social relatives à la femme ont été adoptées de manière à respecter les droits de celle-ci et assurer sa protection. Ces dispositions ont été confirmées par des orientations politiques constantes. La réalité législative et juridique du Sultanat a connu une tendance générale de progrès et de transcendance.
Les textes législatifs, par principe, ont garanti l’égalité de l’homme et de la femme. Certaines dispositions ont toutefois établi des distinctions en raison de considérations multiples liées au rôle social de la femme, à sa constitution naturelle ou à des impératifs d’intérêt général. Cependant la Loi Fondamentale de l’Etat exprimée en son article 17 stipule que l’ensemble des citoyens sont, au regard de la loi, égaux, en droits et en devoirs, et que rien ne saurait les distinguer. Tel est le fondement originel qui sert de soubassement aux actes législatifs au sein du Sultanat. Je dois également dire que ce principe n’était pas absent des dispositions législatives antérieures à la promulgation de la Loi Fondamentale, mais qu’il était déjà intégré aux principes en vigueur, et garanti et reconnu dans de nombreux domaines, par les textes antérieurs à cette dernière, notamment en ce qui a trait au principe d’égalité entre les femmes et les hommes.
Citoyenne à part entière
Les droits de la femme sont ainsi notamment garantis et assurés dans les domaines suivants : la loi sur le Travail, la loi sur le Service Civil, la loi sur l’état-civil, la loi sur la Sécurité Sociale, les droits de propriété, de commerce et d’activité professionnelle, enfin les lois et dispositions législatives spécifiques aux institutions sociales.
La loi omanaise sur le Travail publiée par le décret 35/2003 du Sultan constitue un exemple de législation assurant les droits de la femme. Cette loi garantit le droit de la femme au travail au même titre et à égalité avec l’homme. Cette loi s’adresse au travailleur indépendamment de la question de genre. Des textes spécifiques ont même prévu des dispositions donnant à la femme des avantages supplémentaires.
La loi sur le Service Civil constitue le cadre législatif général qui organise la fonction publique au sein de l’appareil administratif de l’Etat. Ses dispositions s’adressent au fonctionnaire sans distinction quelconque entre les femmes et les hommes. Cette loi a confirmé le principe ancré dans l’article 12 de la Loi Fondamentale de l’Etat qui consacre l’égalité totale des fonctionnaires dans l’exercice de la fonction publique conformément aux dispositions législatives. De plus des agencements spécifiques ont été prévus par le législateur afin de mettre l’activité de la femme en conformité avec sa nature, et lui permettre l’exercice optimal de sa mission tant sociale qu’au sein de la fonction publique.
La loi sur l’état-civil adoptée par le décret 32/97 du Sultan a garanti à la femme, pour sa part, les droits et la protection sociale de nature à préserver une relation équilibrée avec l’homme, fondée sur les principes de justice et d’équité.
La loi sur la Sécurité sociale ainsi que la loi sur les polices d’assurance sociale assure également à la femme un salaire garanti dans les cas spécifiques de dissociation sociale.
Dans le cadre de l’article 11 de la Loi Fondamentale, lequel garantit et protège le droit de propriété, la femme se voit assurer le droit d’accès à la propriété et le droit à la gestion et à l’administration de ses biens et de ses finances propres.
Quant à la loi sur le Commerce ( décret 55/90 du Sultan ), elle garantit à la femme l’égalité totale dans l’exercice de ce type d’activité.
Les législations omanaises ont également garanti à la femme le droit à la propriété, à l’exploitation de ses biens, ainsi que le droit à en disposer et en jouir sous quelle forme que ce soit. Ce droit est stipulé par l’article 11 de la Loi Fondamentale qui protège la propriété privée et assure à la femme un statut financier indépendant de celui de sa famille et/ou de son époux.
Les législations omanaises accordent aussi à la femme le droit de s’approprier des terrains constructibles au même titre que l’homme et sans aucune discrimination ( décret 125/2008 du Sultan ). Ce décret a amendé le règlement d’accès aux terres domaniales au vu du rôle joué par la femme dans la croissance et sa contribution efficiente aux processus de développement immobilier ce qui lui a permis d’accéder aux mêmes droits et, partant, aux mêmes devoirs que les hommes. C’est ainsi que sur la période 2012-2016 les femmes omanaises ont obtenu soixante pour cent de l’ensemble des terrains octroyés par l’Etat.
Par ailleurs la femme omanaise a su cultiver ses capacités et ses potentiels. Grâce à l’extension et l’essor de l’éducation et de la formation professionnelle elle a investi la vie publique en s’adossant au principe de l’égalité des chances. Ce faisant, elle a réussi à être partie prenante dans la construction et le développement de la société. En exerçant les droits qui étaient les siens, elle a réussi à transformer de simples textes juridiques en pratiques concrètes. Elle est ainsi parvenue à confirmer sa présence active et éminente au sein de sa société, tant sur les plans éducationnels que culturels ou politiques.
La participation de la femme à la vie sociétale est devenue un impératif absolu qui s’inscrit dans les mutations et les défis mondiaux. Cette participation a pour finalité de lui permettre d’assumer le rôle et les responsabilités qui doivent être les siens, directement ou indirectement, dans le développement et la construction de la nation. Cette participation est essentielle dans les processus sociaux, éducationnels, économiques et politiques qui affectent directement sa vie propre. Cela se réalisera par son accès à la formation et à l’action participative au sein de la société et ce faisant sa contribution directe au développement.
L’importance de la participation sociétale de la femme omanaise revêt les dimensions suivantes :
- L’intégration de la femme dans le processus de développement et sa participation à la planification et à l’élaboration des politiques constitue l’un des principaux objectifs du développement durable
- Cette intégration confirme le rôle croissant de la femme, aux côtés de l’homme, et de l’Etat, dans l’exécution des plans et des stratégies de développement.
- Elle constitue l’un des principaux facteurs de détection et d’exploration des besoins sociétaux, d’identification des priorités, et de choix des programmes et projets pertinents permettant de répondre aux exigences afférentes.
- Elle permet d’élargir le spectre de succès et d’efficience des projets de développement social, éducationnel, économique et politique.
Par l’éducation, l’acquisition de compétences et la formation la femme omanaise a atteint un haut degré de participation sociétale. Celle-ci s’est caractérisée par :
- Une mission et un message clairement définis
- Une vision critique et un véritable désir d’évolution et de changement.
- L’intériorisation profonde de la notion d’habilitation, de compétence et de renforcement des capacités et des potentiels.
- La structuration efficiente de la communication avec autrui.
- La transformation qualitative et la diversification de la participation au sein des sociétés locales.
- L’acquisition de compétences en matière d’administration, de planification,, de coordination, de suivi et d’évaluation.
Pour toutes ces raisons l’image de la femme omanaise s’est trouvée aujourd’hui transformée. Elle occupe une place importante désormais en tous lieux et à tous les niveaux d’activité, y compris dans le domaine militaire. En ce qui concerne la fonction publique la, femme omanaise a obtenu le même niveau d’emploi que les hommes, dans tous les domaines et à salaire égal. Cela a répondu au principe, pour nous essentiel, d’investissement dans le capital humain et dans le potentiel et les capacités du citoyen omanais, grâce à l’éducation et la formation que nous considérons comme le moyen le meilleur de parvenir à la prospérité et au progrès. C’est ainsi que la proportion de femmes dans la fonction publique a atteint quarante deux pour cent de l’ensemble des fonctionnaires pour l’année 2017.
Dans les professions médicales, la proportion de femmes a dépassé celle des hommes pour atteindre, en 2016, soixante et un pour cent de l’ensemble de la profession. La femme omanaise ne s’est pas contentée d’occuper des postes de direction et de responsabilité diversifiés, mais elle s’est également employée à élargir ses horizons d’activité de manière à enrichir simultanément sa propre sphère professionnelle et contribuer à l’enrichissement de la société dans son entièreté.
En tant qu’intellectuelle elle a enrichi le champ littéraire dans le domaine de la poésie, et de la littérature féministe. Elle a investi le champ des arts sous leurs formes diverses. Sans compter les rôles assumés en complément de l’activité des hommes. Elle s’est ainsi construit une dimension d’autonomie et d’indépendance qui lui a permis d’apporter une contribution fondamentale dans l’ensemble des activités de la société. Cela s’est notamment répercuté sur le niveau de participation de la femme dans l’économie. Ainsi la proportion des femmes actives dans le secteur privé a atteint 25,4 pour cent et cette proportion s’accroît annuellement. Ce qui confirme par ailleurs la croissance de la participation de la femme omanaise dans l’activité économique en général.
Je dois également relever que les femmes chefs d’entreprise, détentrices de leurs propres sociétés constituent vingt trois pour cent de l’entrepreneuriat dans le Sultanat. Ce qui a permis de constituer un Forum des femmes chefs d’entreprise au sein de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Oman. Dans plusieurs régions ce sont les listes constituées par ces femmes qui ont été élues.
Par ailleurs, et dans la perspective de la politique de développement durable qui est la nôtre, et sous l’impulsion du chef de l’Etat ( décret du Sultan 6/2013 ), le Fonds d’investissement omanais assure un soutien aux femmes entrepreneurs. Ce soutien a été inauguré avec un capital de soixante dix millions de rials omanais auxquels viennent s’ajouter sept millions de rials annuels. Le Fonds soutient notamment le programme « Sanad » qui vient en appui aux petites et moyennes entreprises. En 2015 soixante dix pour cent de femmes contre trente pour cent d’hommes ont bénéficié de ce programme. D’autres programmes ciblent également les femmes et notamment le programme « Rezk » élaboré par le ministère du Développement Social, et les programmes agricoles d’aide à la « Femme Rurale », mis en place par le ministère de l’Agriculture et des Ressources et Richesses halieutiques. Dans le cadre de ce dernier programme quatre centres de production basés sur l’activité de production gérée par des femmes ont été mis en place en 2016 associant près de 170 membres. La perspective envisagée dans le cadre de ces programmes est de développer les PME-PMI et d’aider les jeunes femmes d’entreprise à déployer leur activité dans le cadre de l’économie nationale afin de renforcer celle-ci, notamment dans les secteurs productifs, tout en diversifiant les sources de revenus.
C’est également dans cet état d’esprit qu’a été constituée la « Commission de la Femme Travailleur ». Cette commission est dédiée à l’ensemble des questions liées à la femme au travail, et au renforcement de sa participation à l’action syndicale. La présidente de la Commission est membre de droit de la Commission de la Femme Arabe qui relève de l’Organisation Arabe du Travail et elle est également membre du conseil central de la Confédération Internationale des Syndicats.
Dans le domaine social des associations dédiées aux activités des femmes ont été constituées. La loi d’organisation des clubs et associations de femmes a été promulguée en 1972. Toutefois la première association féminine omanaise, à Mascate, y a été antérieure, mais elle a bénéficié du plein soutien des autorités gouvernementales. Désormais l’on compte plus de 59 associations féminines réparties dans l’ensemble des gouvernorats et des régions. Elles bénéficient du soutien public. Ceci sans compter la participation active de la femme omanaise, tant dans le cadre des associations professionnelles que dans celui du bénévolat à caractère civil.
En parallèle, des commissions nationales ont été constituées. Parmi les plus éminentes figurent notamment :
- La Commission Nationale des Affaires Familiales : Celle-ci regroupe l’ensemble des organismes gouvernementaux et publics chargés des questions de la femme et de l’élaboration des politiques concernant la famille omanaise.
- La Commission Nationale des Droits de l’Homme : Dédiée aux Droits de l’Homme elle a pour mission de renforcer la coopération constructive entre les autorités et les pouvoirs publics, et les organisations de la société civile. Cette commission est formée des représentants des institutions gouvernementales et des organismes et institutions de la société civile. Les femmes en représentent vingt et un pour cent des effectifs.
- La Commission Nationale de Lutte contre le trafic d’êtres humains : Son objectif est d’élaborer le plan annuel ayant pour finalité de relever le niveau de conscience des citoyens dans ce domaine et d’assurer à ces derniers, ainsi qu’aux résidents, une protection contre le trafic des êtres humains.
Le gouvernement du Sultanat d’Oman organise par ailleurs de manière suivie des conférences spécialisées dans le but de raffermir et consolider le rang de la femme dans la vie publique, ainsi que le rôle et la place qui doivent être les siens dans le processus de développement. Les autorités accordent une attention, une importance, une valeur et un intérêt tout particulier aux conférences et aux instances internationales spécialisées et spécifiques des questions féminines.
Dans cet esprit, les autorités tendent à transposer dans la législation nationale les dispositions générales adoptées par les organisations multilatérales en ce qui concerne l’affermissement des capacités et des potentiels de la femme, afin que celle-ci assume pleinement son rôle dans la société. Les accords internationaux afférents sont examinés en profondeur, et le suivi des innovations dans ce domaine est assuré dans le cadre d’une politique soutenue. Il a résulté de cette dernière la dimension d’appréciation positive qui a marqué l’ensemble des études et des rapports établis sur la situation de la femme omanaise. Cette politique a été également consolidée par le décret 42/2005 du Sultan qui, a permis de ratifier la « Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes » ( CEDAW-ONU ). Plus récemment, à l’occasion de la soixante-huitième session de cette instance, l’ensemble des membres du Comité international de la Convention a mis en évidence et salué les progrès réalisés par le Sultanat d’Oman dans le domaine de l’égalité et du développement des potentiels et des capacités ainsi que de l’habilitation des femmes dans tous les domaines.
La femme omnaise investit l’espace politique
La participation à la vie politique est l’expression la plus importante de la démocratie. Sur elle repose la contribution égalitaire des citoyens et des citoyennes au service de la patrie dans une perspective de développement durable. L’extension de cette participation politique citoyenne vise à associer la société aux prises de décisions relatives à la vie publique, afin d’impulser le développement du pays. Les dynamiques du processus de développement et la diversification de ses parcours, tout autant que la multiplicité de ses nécessités catégorielles, imposent, par leur nature même, la participation politique de chaque homme et de chaque femme au sein de la société.
L’habilitation de la femme dans le champ politique, ainsi que sa participation réelle et véritable à la prise de décision, ainsi que sa capacité à occuper des postes de pouvoir, constitue une dimension fondamentale de l’égalité et du développement durable. Le droit de la femme à l’égalité dans tous les domaines est un droit naturel qui lui est conféré par son statut d’être humain, ainsi que par son action et son influence au sein de la vie elle-même. Dans les adresses au peuple d’Oman, dès les années soixante-dix du siècle dernier, SM le Sultan a exhorté les femmes à participer au développement et à la construction de la nation. Dans le discours d’ouverture qui a accompagné l’installation du Conseil d’Etat ( Sénat ) le 16 novembre 2009, SM le Sultan Qabous ben Saïd en a réaffirmé le principe, en assurant que, dans sa marche vers le progrès, la nation avait besoin du concours et de la conjonction des efforts de tous, hommes et femmes, à l’instar des deux ailes de l’oiseau qui lui permettent de prendre son envol. Lui serait-il loisible de s’élever dans les cieux si l’une de ces deux ailes venait à se briser ?
C’est donc à la faveur de cette impulsion que la femme omanaise a entamé le parcours de progrès qui lui a permis de redéfinir son rôle national aux côtés de l’homme, et de participer à la construction de notre pays et de notre nation, tout en contribuant aux objectifs de son développement. Dans le cadre de ce parcours, et dans un laps de temps relativement court, la femme omanaise a pu réaliser de profondes avancées dans le domaine de la vie parlementaire, tout en investissant les sphères de la prise de décision.
Cette évolution a été illustrée par les positions dirigeantes occupées par la femme omanaise aux plus hauts niveaux de responsabilité : ministre, secrétaire d’Etat, ambassadeur, Procureur général adjoint, membre des deux Chambres législatives, i.e. le Conseil d’Etat ( Sénat, désigné ) et le Majliss al-Choura, Parlement, élu ) , membre du Conseil national des hommes et femmes d’affaires, Conseil municipal, membre du Conseil d’administration de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Oman etc.. Ceci sans compter la haute fonction publique, tant au sein du Sultanat qu’au niveau international : directeur général, directeur administratif, conseiller, expert…). Cette situation ne date pas d’aujourd’hui. . C’est au tout début des années quatre-vingt du siècle écoulé qu’une femme a occupé la fonction de directeur général, et qu’en 1988 la première Secrétaire d’Etat a été nommée. La participation de la femme à la vie publique a connu depuis un essor exponentiel.
Du point de vue historique la participation politique des femmes a été inaugurée en 1994 avec le deuxième mandat du Majliss al Choura. Des femmes ont gagné la confiance des électeurs et ont été élues au Parlement. Auparavant les femmes avaient déjà acquis leurs droits électoraux ( le droit de vote ), notamment lors des élections régionales où elles représentent près de la moitié des votants des différents gouvernorats ( wilayas ) du pays. Dans le cadre du mandat en cours du Conseil d’Etat, elles représentent neuf pour cent des membres du Sénat et elles ont atteint la proportion de dix-sept pour cent des membres élus du Majliss lors de la sixième mandature.
Par sa contribution vigoureuse à l’étude des textes législatifs, des plans et des projets de développement, à l’évolution des performances de l’administration gouvernementale, sous la perspective des intérêts présents et futurs des citoyens, et dans l’esprit des principes de progrès et de développement durable, ainsi que par l’exercice de sa responsabilité d’élue ( par mandat électoral ou nomination ) et par la mise en œuvre de ses compétences, la femme omanaise concourt fortement, sous l’ensemble de ces dimensions, à l’enracinement des pratiques démocratiques.
Dans cet esprit le rôle du Conseil d’Etat est d’élaborer les lois et les politiques concernant les droits de la femme. La volonté politique est de mettre l’accent dans la phase à venir sur le développement social et économique de toutes les catégories de la société et notamment les femmes. La volonté est d’également de mettre en concordance et conformité les plans stratégiques et les textes législatifs avec les conventions, les accords et les traités régionaux et internationaux, de manière à réaliser les objectifs inscrits sous la notion de développement durable. L’un des rôles majeurs dévolus au Sénat a été d’examiner les stratégies sectorielles ainsi que les plans de développement social, économique, culturel, éducationnel, et de procéder à leur évaluation et à leur amendement lorsque cela s’avère indispensable. Le Sénat a également conduit des études propres, relatives au développement durable et à l’identification des faits sociétaux dominants en vue d’y apporter, lorsque nécessaire, une solution adéquate, tout en poursuivant l’élaboration générale des textes législatifs, la révision des lois en vigueur, et la définition des politiques nationales pertinentes. Le Conseil d’Etat a ainsi assumé directement l’élaboration des politiques et des lois relatives aux droits de la femme en soumettant notamment les études conduites par l’institution sénatoriales à l’examen des sénateurs et des parlementaires. Cela a été particulièrement manifeste en ce qui concerne les droits des femmes.
Je souhaite faire brièvement état ici de trois d’entre elles qui me paraissent significatives. Il s’agit des travaux et dispositions en lien avec les questions suivantes :
- Le dossier de consolidation de la situation et des droits des femmes ayant des personnes à charge, élaboré par la Commission sociale du Sénat en 2009. La recommandation du Sénat, en l’occurrence, a été de prendre impérativement en compte lors de l’élaboration des lois sociales, y compris dans les textes sur les retraites et la sécurité sociale, les conditions spécifiques de la femme ayant des personnes à charge, dans la perspective d’une amélioration de leurs conditions sociales et économiques.
- L’étude des mécanismes permettant de faire évoluer, et rendre plus performant, le rôle des associations féminines omanaises. Il a été notamment recommandé de réviser la loi 14/2000 sur les associations civiles de manière à encourager ces organisations par le biais d’incitations à caractère législatif à intégrer le principe de durabilité dans leurs programmes et leurs pratiques.
- L’étude du dossier élaboré par la Commission sociale en 2004, relatif à la solidarité et l’entraide ainsi qu’à la sécurité sociale. Cet examen a mis l’accent sur l’importance des dispositions législatives dans ce domaine, et leur impact sur l’amélioration de la situation sociale générale au sein du Sultanat. Ces dispositions ont intéressé certaines catégories vulnérables et notamment les personnes divorcées, répudiées ou victimes d’abandon de famille, ainsi que les veuves et les célibataires, de manière à leur donner une formation professionnelle leur permettant de gagner leur vie et d’intégrer les circuits de l’activité productive.
Le Sultanat d’Oman est la première terre arabe où se lève le soleil dans la partie sud-est de la péninsule arabique. Tous les dix-sept octobre de chaque année, dès les premiers rayons du soleil, les Omanaises célèbrent leur Jour de la Femme. Cette journée nationale veut rendre hommage au rôle efficient de celle-ci dans la société de notre pays tout en s’associant à la Journée Internationale de la Femme.
Permettez-moi en guise de conclusion d’exprimer mes remerciements et ma haute considération au Président qui m’a accordé la possibilité de vous entretenir de la situation de la femme omanaises et de son parcours dans le domaine du développement, tous en souhaitant à tous, ainsi qu’à chacun et chacune d’entre vous, un avenir harmonieux ainsi que le meilleur des succès.
*Dr Souad Al-Lawati est Vice-Présidente du Conseil d’Etat ( Sénat ) du Sultanat d’Oman, Professeur associé à l’Université Sultan Qabous