Alors que le président russe, Vladimir Poutine, lance des appels pressants aux pays occidentaux à participer à la reconstruction de la Syrie après plus de huit années d’une guerre qu’ils ont provoquée et alimentée, la Chine s’engouffre dans la brèche entrouverte par le retour proche à la paix. Une « bonne volonté » qui n’est pas étrangère aux intérêts économiques chinois.
Le 5 août dernier, l’ambassadeur de la Chine en Syrie, Wang Qi Jian, rendait publique une lettre aux autorités syriennes dans laquelle Pékin se proposait d’intervenir sur le développement des infrastructures ferroviaires et portuaires – dont la construction d’un port à Tartus – pour favoriser les échanges économiques et apporter une aide financière. « Nous voulons renforcer notre coopération avec la Syrie au niveau politique, militaire, économique et social », écrivait l’ambassadeur Qi Qianjin dans la lettre.
Au cours du Forum de la Coopération arabo-chinoise, en juillet dernier, la Chine annonçait l’apport de $20 milliards de dollars pour le développement et d’un package de $100 millions dédiés à l’aide humanitaire pour la Syrie et le Yémen.
Lors de la 60ème Foire internationale commerciale de Damas à laquelle ont participé plus de 200 entreprises chinoises, la Chine a, également, annoncé son engagement dans la reconstruction des usines d’acier et des centrales électriques en Syrie, la production de voitures chinoises à Homs et soulignait que les touristes chinois revenaient déjà à Damas. Pékin exprimait, également, sa volonté de développer la coopération dans le domaine de la sécurité.
Une façon indirecte et tardive pour la Chine de participer au conflit par des mesures comme le déploiement de personnel, une augmentation des ventes d’armes et d’équipements militaires et l’entraînement des forces militaires. Une façon d’intervenir sans, toutefois, être présente sur le terrain, notamment en exprimant sa volonté de participer à la lutte contre le terrorisme en « renforçant la coopération internationale dans l’éradication de l’extrémisme en Syrie ».
Pendant le conflit, la Chine a opposé son veto aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qui sanctionnaient les forces militaires extérieures intervenant dans la guerre et s’est limitée à des déclarations d’usage telles que la nécessité pour la communauté internationale de coopérer dans la lutte contre le terrorisme, la priorité d’un règlement politique de la question syrienne, l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Syrie et la nécessaire médiation de l’ONU. L’ambassadeur QI n’avait-il pas déclaré dans le passé que « Le peuple chinois partage les souffrances du peuple syrien » et que « quand (la Chine et la Syrie) auront surmonté la crise actuelle, l’amitié sino-syrienne sera aussi forte que Palmyre et la Grande Muraille »…
Christine Abdelkrim-Delanne