Une héroïne féministe, prête à défier le pouvoir et la société pour regagner ni plus ni moins que sa dignité.
Tout avait pourtant si bien commencé. Miriam, 21 ans, faisait joyeusement la fête avec ses amies lors d’une soirée étudiante, lorsqu’elle croisa le regard de Youssef, un jeune journaliste engagé dans la révolution du « Printemps arabe ». Après quelques mots échangés, ils décident de s’éclipser. Quelques heures plus tard, on retrouve Miriam seule, apeurée et en pleurs, fuyant on ne sait quoi. Ou qui. Très vite, on comprend : Miriam vient de subir un viol. Mais le cauchemar de la jeune femme ne fait que commencer lorsqu’on apprend que ses agresseurs ne sont autres que deux agents de police.
Malgré le traumatisme, l’étudiante, accompagnée de Youssef, veut à tout prix porter plainte contre ces flics « ripoux », dans un pays où ce genre d’affaire finit trop souvent étouffé ou expédié. En effet, ici, les victimes sont systématiquement pointées du doigt ou désignées comme responsable du sort qu’elles ont subi. Déterminée, Miriam devra faire face à la pression sociale, morale et physique que lui infligent l’hôpital et le commissariat où elle se rend tour à tour pour obtenir la preuve médicale de son viol.
Pour raconter cette nuit d’horreur, librement inspirée du livre « Coupable d’avoir été violé » (éd. Michel Lafon) qui évoque une sombre affaire de 2012, la réalisatrice Kaouther Ben Hania amplifie la réalité à travers de longs plans séquences. Par ce choix de mise en scène, le spectateur se retrouve plongé dans une temporalité crue, où chaque seconde passée dans le commissariat au plus près de la victime parait interminable. Coincée dans cet univers coercitif et machiste, où la corruption règne sans se cacher, Miriam tient bon et démontre un courage à toute épreuve. Pour son 3ème film, Kaouther Ben Hania prend le parti de nous montrer, non pas la violence physique du viol, mais la torture morale que subit continuellement la jeune femme tout au long du film. Les longs plans séquences accentuent de facto cette tension, et l’aspect héroïque de Miriam n’en est que valorisé. Car oui, Miriam, à travers sa force mentale et sa persévérance devant les obstacles permanant, endosse le rôle du héros. Une héroïne féministe, prête à défier le pouvoir et la société pour regagner ni plus ni moins que sa dignité.