L’odeur des corps en décomposition imprègne la ville. Plus de 40 000 civils ont été massacrés sans pitié, la plupart par des bombes américaines. La ville ressemble à un paysage lunaire, peu de signes de vie, nulle part. Les civils que l’on voit, sont des réfugiés déplacés, ne pouvant compter que sur eux-mêmes pour survivre, leurs maisons, leurs biens et leur futur sont détruits.
Des dizaines de milliers d’autres sont enterrés sous les gravats. Mossoul et un cimetière à ciel ouvert, l’un des nombreux exemples de la barbarie américaine, une affaire d’impérialisme – une rage de richesse, de pouvoir et de domination, quel qu’en soit le coût humain.
Lu dans The Times : « Le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi… a félicité les forces armées d’avoir débarrassé la ville d’État islamique (ISIS »
The Times a admis que des mois de bataille ont laissé la ville en ruine, que des milliers de gens ont été tués, et qu’elle a entraîné le déplacement d’un million de ses résidents. Son reportage insiste sur « le triomphe » plus que sur le massacre génocidaire de masse. Rien sur les frappes aériennes indiscriminées, rien sur le soutien de Washington à ISIS et aux groupes terroristes qui adhèrent à ses valeurs.
Le plus grand silence a entouré le reportage de première main d’Ali Arkady et les preuves photographiques de torture, de viols et de meurtres de sang-froid des prisonniers de l’armée irakienne, des civils suspectés de liens avec ISIS.
Journaliste embarqué avec une division d’élite du ministre de l’Intérieur irakien, Arkady a été le témoin d’interrogatoires brutaux pour obtenir des confessions forcées de prisonniers suspectés d’être membres ou sympathisants d’ISIS.
Selon The Times, Haider al-Abadi est venu à Mossoul « pour annoncer sa libération et féliciter les forces armées et le peuple irakien de cette victoire ». Mossoul a été violée et détruite, pas libérée. Les horreurs qui s’y sont déroulées pendant quatre mois ont été largement ignorées par les media occidentaux, la dévastation et les souffrances humaines occultées la plupart du temps, y compris les crimes de sang et contre l’humanité commis par les forces américaines et irakiennes.
Interviewé par Russian Today (RT), le professeur iranien Seyed Mohammad Marandi qui a visité Mossoul sur invitation de ses collègues irakiens, a expliqué ce que The Times et autres media scélérats ont caché. « La ville est presque vide, la dévastation de cette deuxième ville d’Irak, est incroyable. Ceux à qui nous avons parlé semblaient tous heureux que la ville soit libérée, mais ils ont aussi tous dit que les frappes américaines avaient été dévastatrices et terribles pour les gens ordinaires, un grand nombre de civils tués ».
Marandi compare la couverture médiatique de la bataille d’Alep, l’année dernière et celle de Mossoul. « Nous avons aussi visité Alep, après la libération, et il est intéressant d’observer – malheureusement – que la dévastation d’Alep Est qui était occupée par al-Qaeda en Syrie, ressemble à celle que nous avons vue à Mossoul. Cependant, les media occidentaux n’ont pratiquement rien dit sur cette dernière alors que les Américains ont détruit toute la partie ouest de la ville ».
Pendant la campagne aérienne et terrestre pour libérer Alep des terroristes d’al-Nosra, soutenus par les Américains, les forces russes et syriennes ont fait des efforts extraordinaires pour éviter ou minimiser les pertes civiles, contrairement aux Américains et Irakiens à Mossoul.
Les media occidentaux ont affirmé, à tort, que les Russes et les Syriens avaient ciblé les zones civiles sans discrimination. Ils ont ignoré les bombardements américains sur Mossoul. Deux poids, deux mesures.
Moscou a mis en place un couloir humanitaire pour permettre aux résidents d’Alep de quitter la ville. Les Russes ont apporté de l’aide humanitaire, contrairement aux Américains et leurs alliés.
« Les Irakiens estiment que toute ces destructions depuis le renversement de Saddam Hussein jusqu’à aujourd’hui, sont à mettre sur le compte des États-Unis plus que quiconque ». L’Amérique « a créé ISIS, avec les Saoudiens et, malheureusement, avec le gouvernement turc et le Qatar », dit-il. « Ils ont financé les groupes extrémistes, comme nous le savons d’après les documents de l’Agence de la Défense, en 2012, et également par WikiLeaks dont les documents ont montré qu’Hillary Clinton savait qu’en 2014, les Saoudiens et les Qataris aidaient ISIS. Ainsi, le peuple irakien est parfaitement conscient de ce qui se passe et ils pensent que les États-Unis et leurs alliés sont à blâmer plus que quiconque pour ces quarante années de dévastation ».
La barbarie de l’impérialisme américain porte une grande responsabilité dans les viols et les destructions de l’Irak, la Syrie et autres pays. Son programme diabolique est la plus grande menace pour l’humanité.
Source : https://www.claritypress.com/LendmanIII.html
* Stephen Lendman est un intellectuel américain, journaliste politique progressiste, né à Boston en 1934. Il écrit régulièrement sur les grandes questions concernant la politique nationale et étrangère américaine. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Flashpoint in Ukraine. How the US Drive for Hegemony isks Wordl War III et The Iraq Quagmire : The Price of Imperial Arrogance