Le 2 août 2011, Barack Obama signait le Budget Control Act, une loi qui autorisait le relèvement de la dette. Elle prévoyait des hausses d’impôts, mais surtout des coupes généralisées (sequestration, mise sous séquestre) dans les dépenses gouvernementales si, au 31 décembre 2012, un accord sur la réduction du déficit budgétaire n’avait pas été trouvé entre le Congrès et la Maison-Blanche.
Faute d’accord, la mise sous séquestre est donc entrée en vigueur le 1er mars dernier. Il impose que le budget national subisse des coupes drastiques : 85 milliards de dollars cette année et plus de 1 000 milliards au cours des prochains dix ans. Il représente ainsi une réduction de 2,3 % d’un budget estimé en 2012 à près de 4 000 milliards de dollars, dont 1 000 à 1 500 milliards en coupes budgétaires automatiques.
Ce volet des réductions des dépenses n’en finit pas de faire des vagues. Les républicains ne veulent pas négocier sur ce point, et ce malgré le fait que le président ait porté ce débat sur la place publique. Sortant de sa réunion avec les dirigeants du Congrès, Barack Obama a qualifié ces coupes de « stupides », « arbitraires » ou encore « brutales ». Elles auront non seulement pour effet de ralentir la croissance économique, mais auront surtout un impact sur la vie de millions d’Américains : licenciements, disparition des budgets sociaux, coupes dans l’éducation, les services d’urgence et de sécurité, entre autres. Appelant les républicains du Congrès à retrouver leur bon sens et à changer d’opinion après le temps de la réflexion, le président a néanmoins admis que cela pouvait prendre « plusieurs semaines ou plusieurs mois ».
Côté républicain, les positions se raidissent. John Boehner, président de la Chambre des représentants, fervent adepte de la réduction des dépenses dans les programmes sociaux, a indiqué : « La question des recettes, pour moi, c’est terminé. » Il a déclaré publiquement qu’il ne négocierait plus avec Barack Obama. Même discours chez le leader républicain du Sénat, Mitch McConnell, qui a dit refuser toute augmentation d’impôts, sa réélection l’année prochaine étant largement tributaire du vote des Tea Parties.
Côté démocrate, on a l’espoir que la pression publique obligera les républicains à accepter un compromis, surtout lorsque les baisses du budget des militaires se feront sentir. On reproche par ailleurs au président Obama d’être entré dans un grand marchandage (big bargain), avec des conservateurs qui ne recherchent nullement un accord mais veulent uniquement prendre la population en otage.
Seul point d’embellie, les deux camps se sont accordés sur un « cessez-le-feu » jusqu’au 30 septembre, appelant à une espèce de paix fiscale et politique.
Reste à savoir combien de temps va durer cette mise sous séquestre. Son application soulève néanmoins une question : les démocrates n’ont-ils pas mal négocié les diminutions d’impôts de Bush ? Celles-ci, rappelons-le, auraient dû arriver à leur terme au 1er janvier 2011 mais, après accord difficile avec les républicains, elles ont été prolongées jusqu’au 1er janvier 2013. Les démocrates ont accepté de fixer les taxes sur les hauts revenus à partir de 680 000 dollars, alors que le président espérait les imposer à partir de 250 000 dollars. Ils ont par ailleurs considéré que les républicains pourraient accepter des augmentations d’impôts, contre l’annulation de la mise sous séquestre des comptes militaires. Mais à la grande surprise de la Maison-Blanche, les républicains ont changé de ton et accepté les coupes – du moins pour le moment.
Dernier point et non des moindres : le Fonds monétaire international et l’Union européenne ont fait part de leur inquiétude, considérant que ces coupes pouvaient handicaper la reprise aux États-Unis et accentuer la dépression en Europe. À bon entendeur !