Afrique Asie est à Cannes. A l’image de son cinéma. Avec 3 représentants asiatiques en compétition officielle et 2 films maghrébins pour la sélection Un Certain Regard, les deux continents n’ont rien à envier à leurs voisins américains ou européens dans cette 70eme édition du Festival de Cannes entamée ce mercredi 17 mai et présidée par le réalisateur espagnol Pedro Almodovar.
Pour sa 4ème participation à la sélection officielle, le sud-coréen Hong Sangsoo présente Le Jour d’Après (Geu-Hu), un drame familial en noir et blanc, sur fond d’adultère et de quiproquo, dans une société coréenne intransigeante et aux mœurs immuables. Homme à tout faire, le réalisateur est également le compositeur du film. Preuve, s’il en est, du dévouement et de la rigueur qu’il porte à son projet ; à l’image d’un cinéma coréen fidèle à ses principes de maîtrise esthétique et scénaristique.
Ce n’est sûrement pas le second réalisateur coréen de cette compétition qui dérogera à la règle. Pour sa première apparition dans la sélection officielle, Bong Joon Ho s’invite sous la bannière du géant du streaming américain Netflix, avec le film Okja. Histoire d’une relation fusionnelle entre la petite Mija et Okja, un animal sauvage au grand cœur, que la jeune fille protège dans les montagnes de Corée. Jusqu’au jour où Okja est capturé et transporté à New York par une multinationale aveuglée par les gains que pourraient générer une attraction telle que l’animal. Mija fera alors tout pour sauver son géant ami.
De son côté, la réalisatrice japonaise Naomi Kawase est une habituée de la Croisette. Récompensée en 2007 du Grand Prix du Festival pour La Forêt de Mogari, Kawase délivre cette année son 5ème long-métrage en compétition avec Vers La Lumière (Hikari), histoire d’amour entre une audio-descriptrice de films et un photographe. Elle, aime raconter ce qu’elle voit et entend. Lui, amoureux de l’image, perd irrémédiablement la vue. Une rencontre troublante, où les regards et les silences disent bien plus que les mots.
Du côté de l’autre compétition phare du Festival, on retrouve la Tunisie et l’Algérie, avec respectivement La Belle et la Meute (Aala Kaf Ifrit) de Kaouther Ben Hania et En Attendant les Hirondelles de Karim Moussaoui. Pour son 1er long-métrage, la réalisatrice tunisienne dépeint les difficultés d’une femme à regagner sa dignité et ses droits face à ceux qui font la justice et qui sont à la fois ses bourreaux. Premier film également pour l’algérien Karim Moussaoui qui entrecroise trois destins, où le passé refait surface et impose au présent de faire des choix décisifs pour leur avenir respectifs. Avec ces cinémas sociétal et contemporain, la compétition Un Certain Regard n’a jamais si bien porté son nom.