C’est aujourd’hui que le Premier ministre français entame une visite dans notre pays, à l’occasion de la tenue, demain, de la troisième session du Comité intergouvernemental de haut niveau durant laquelle quatre projets d’accord de coopération dans l’électricité et les hydrocarbures, l’engineering industriel et les systèmes de gestion, ainsi que le consulting et les services du numérique seront examinés.
A l’évidence, la relation entre nos deux pays vient de connaître une tension malvenue due à une campagne médiatique hostile à notre pays et à ses institutions qui a exigé une vive protestation auprès de l’ambassadeur de France, convoqué à l’occasion au siège du ministère des Affaires étrangères. Bien sûr, il serait naïf de croire qu’il s’agit d’un simple malentendu, quand on sait que des forces et des lobbies n’ont jamais admis qu’il y ait entre nous une coopération économique qui avance et des convergences de vues sur bien de questions régionales et internationales, à commencer par la lutte antiterroriste, le rétablissement de la paix au Mali, le règlement politique en Libye et en Syrie, et la relance du processus de paix israélo-palestinien, dans le strict respect de la légalité internationale.
Un axe Alger-Paris assez solide ne peut que déranger, surtout s’il est conforté par des avancées sur le plan bilatéral par des engagements concrets en vue de donner au partenariat d’exception un nouvel élan souhaité par les Présidents Bouteflika et Hollande. Une révision de Paris de son attitude sur le Sahara occidental afin qu’elle soutienne un processus conduisant à l’autodétermination dans la satisfaction de la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation est de nature à donner à cet axe un caractère résolument stratégique. Une telle évolution de la relation algéro-française ne peut être que fructueuse et positive, ouvrant des perspectives tant à notre pays, à la recherche d’une nouvelle dynamique de croissance, décidé à moderniser son économie et de s’engager dans la transition énergétique, qu’à la France confrontée, elle aussi, à un difficile équilibre macro-économique et subissant de plein fouet la concurrence asiatique. Ce partenariat qualifié d’exception, dès sa genèse au mois de décembre 2012, a connu des avancées sur le terrain, et est sur le point d’aller un peu plus loin et un peu plus vite.
L’Algérie est le pays du flanc sud de la Méditerranée qui possède les meilleurs atouts pour rejoindre très vite le peloton des pays émergents, et il a fait de réels efforts entretemps, malgré, ou à cause du contexte contraignant, et montré toute sa volonté d’aller de l’avant ; et c’est à la France de faire en sorte que les segments à haute intensité technologique des chaînes de valeur soient mieux répartis, que la formation, la recherche et l’entreprise innovante algériennes bénéficient d’un effet de levier à la faveur de ce partenariat. La tension est forcément stérile, et le retour à plus de sérénité et de réalisme dans sa vision, autant bilatérale que maghrébine, ne peut être que constructif.
EL MOUDJAHID