Selon le quotidien israélien Haaretz, qui cite des sources – anonymes – du Mossad (les services secrets israéliens), le Hauptsturmführer Otto Skorzeny, ancien lieutenant colonel de la Waffen-SS, aurait été recruté par Israël au début des années 1960 pour éliminer des scientifiques allemands qui travaillaient pour l’Égypte.
Malgré la quantité d’informations détaillées livrées par Haaretz, ces révélations ont été reprises avec quelques doutes par la presse allemande qui juge les preuves insuffisantes, d’autant qu’Otto Skorzeny n’a jamais fait état de sa collaboration avec le Mossad dans ses mémoires pourtant très prolixes. La collaboration entre nazis et sionistes a été par ailleurs démontrée historiquement par plusieurs personnalités israéliennes dont le professeur israélien Yechayahou Leibovitz dans son livre d’entretiens « La mauvaise conscience d’Israël » avec Joseph Algazy.
Ce fut le cas de Heinz Krug, disparu en septembre 1962. Cet homme d’affaire allemand travaillait pour le programme de construction de missiles égyptiens qui auraient pu être utilisés contre Israël. Krug aurait été supprimé par Skorzeny, héro autrichien du IIIème Reich qui reçut des mains d’Hitler la Croix des Chevaliers de la Croix de Fer pour avoir réussi à libérer Benito Mussolini, en septembre 1943. Ses ennemis américains et britanniques avaient coutume de l’appeler « l’homme le plus dangereux d’Europe ».
Empêcher les scientifiques allemands de travailler au programme de missiles égyptiens était, à cette époque, la priorité du Mossad écrit Haaretz. Avant sa disparition, Krug et d’autres scientifiques auraient reçu des menaces, dont des lettres piégées, pour les obliger à abandonner le programme égyptien. Pendant la Seconde guerre mondiale, Krug faisait partie d’une équipe de scientifiques de pointe basée à Peenemünde, le site d’essai militaire sur la côte balte, qui travaillait pour Hitler et le IIIème Reich. C’est là que, conduits par Wernher von Braun, les scientifiques mirent au point les premières « fusées » larguées sur Londres.
Selon les sources d’Haaretz, dix ans plus tard, von Braun invita Krug et d’autres anciens collègues à le rejoindre aux États-Unis, où il dirigeait un programme de développement de missiles américains et figurait parmi les « pères » du programme d’exploration spatiale. Krug, avec d’autres scientifiques du groupe de Peenemünde conduits par le professeur Wolfgang Pilz, choisit de partir en Égypte.
En 1960, le Mossad avait kidnappé Adolf Eichman, l’un des responsables nazis de l’holocauste qui fut jugé et pendu en Israël, le 31 mai 1962. Skorzeny eut plus de chance. Arrêté par les Américains avant la fin de la guerre, il fut acquitté à la surprise de tous, par les juges militaires alliés en 1947, mais non libéré, devant être jugé pour des charges supplémentaires. Nul ne sait comment il réussit à s’évader à l’occasion d’un transfert, mais de lourds soupçons pesèrent alors sur le Bureau des Services spéciaux des services de renseignements américains. Il travailla après la guerre pour la CIA, avant de s’installer en Espagne franquiste et de servir de conseiller pour Juan Peron d’Argentine et pour le gouvernement égyptien. C’est en Espagne qu’il fut recruté par le Mossad. Il essaya de monnayer sa collaboration contre la suppression de son nom sur la liste des criminels de guerre du Centre Simon-Wiesenthal, en vain.
Le jour de sa disparition, Krug avait rendez-vous avec Skorzeny à Munich, selon les sources d’Haaretz. Ce dernier était accompagné de trois Israéliens et aurait été assassiné de la main même de Skorzeny, avant que son corps soit imbibé d’acide et enterré. Haaretz affirme que, parmi les trois hommes, figurait le futur Premier ministre Yitzhak Shamir qui était alors chef de l’unité des opérations spéciales du Mossad. Étaient, également, présents Zvi « Peter » Malin, qui avait découvert Eichman en Argentine et a fini artiste-peintre à New-York, et Yosef « Joe » Raanan, ancien officier supérieur des services secrets en Allemagne.
Le Mossad est connu pour sa capacité à éliminer physiquement les ennemis d’Israël à l’étranger, quitte à faire des erreurs comme ce fut le cas avec Ahmed Bouchikhi, un Marocain soupçonné à tort d’avoir été l’organisateur du massacre des athlètes israéliens aux Jeux Olympiques de Munich en 1972.
Malgré la quantité d’informations détaillées livrées par Haaretz, ces révélations ont été reprises avec quelques doutes par la presse allemande qui juge les preuves insuffisantes, d’autant qu’Otto Skorzeny n’a jamais fait état de sa collaboration avec le Mossad dans ses mémoires pourtant très prolixes.
(C.A.D. source