Depuis plusieurs mois, rumeurs et débats à Conakry sont alimentés par un important sujet : la question de savoir si oui ou non le président Alpha Condé envisage de se présenter une troisième fois lors de l’élection présidentielle de 2020.
C’est devenu une constante, et même un sujet d’inquiétude : le président Alpha Condé pourrait avoir l’intention de réformer la Constitution guinéenne afin de se représenter pour un troisième mandat présidentiel. Dans une « Lettre ouverte » disponible sur l’un des blogs du site d’information français Médiapart, intitulé Les invités de Médiapart, deux opposants expriment leur désaccord, tout en pointant du doigt les principaux griefs qui sont reprochés au chef de l’Etat.
« Parce que vous vous êtes flatté, à votre arrivée au pouvoir, d’incarner le renouveau démocratique de la Guinée, et que vous avez juré à deux reprises de respecter et de faire respecter les dispositions de notre loi fondamentale ; parce que notre pays a plus que jamais besoin d’alternance, et d’une réforme de ses pratiques politiques : nous ne voulons pas de troisième mandat ! », expliquent les deux signataires. Ces derniers sont d’une part Thierno « Brel » Barry, journaliste, correspondant à Genève du site d’information Guinéenews, président de l’association des Guinéens de Genève et de France et conseiller municipal de la localité de Petit-Lancy, dans la commune de Lancy, canton de Genève (Suisse). Et d’autre part Manira Touré, une jeune fille qui a travaillé pour la RADDHO (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme, ONG créée à Dakar en 1990) dans le cadre des Nations unies.
Il pourrait très bien ne pas y avoir de débat quant à un possible troisième mandat, car la Constitution guinéenne dispose, à son article 154, que : « La forme républicaine de l’État, le principe de la laïcité, le principe de l’unicité de l’État, le principe de la séparation et de l’équilibre des pouvoirs, le pluralisme politique et syndical, le nombre et la durée des mandats du Président de la République ne peuvent faire l’objet d’une révision ». Mais l’on sait aussi qu’il en était de même au Congo (Brazzaville). Or cela n’a pas empêché son président, Denis Sassou Nguesso, de manœuvrer pour faire voter une nouvelle constitution – et non pas une réforme de la constitution en cours – remettant ainsi son « compteur » de mandats à zéro.
D’où, en Guinée, l’inquiétude de l’opposition, bien que la prochaine échéance présidentielle ne soit prévue qu’à l’horizon 2020.