La Turquie étend sa présence géopolitique et économique au Moyen-Orient et en Afrique de l’Est.
Elle a ouvert une base militaire en Somalie, en construction depuis deux ans. Les forces turques ont commencé à s’installer peu après leur déploiement dans une base plus importante au Qatar, en juin dernier, dans le cadre d’un accord signé en 2014. La mission de cette base, selon Mevlut Cavusoglu, ministre turc des Affaires étrangères : « Protéger l’ensemble de la région », face aux « dangers qui pèsent sur les pays du golfe Persique comme présentant une menace (pour nous) également ».
La nouvelle base en Somalie accueillera environ 200 soldats turcs. Elle servira dans un premier temps à l’entraînement militaire de 10 000 soldats somaliens. La présence d’Ankara en Somalie ne se limite pas au domaine militaire. Outre la construction d’un hôpital à Mogadiscio et des possibilités offertes aux civils en matière d’éducation et de formation, la Turquie vise à renforcer ses liens économiques à travers les entreprises turques qui cherchent à développer et gérer certaines infrastructures somaliennes. C’est le cas de la compagnie Albayrak qui gère le port de Mogadiscio.
Cependant, la stratégie de développement de la présence turque dans la région est-africaine confrontée à une stratégie similaire de la part des Émirats arabes unis (EAU), notamment pour dans la construction et la gestion des ports et autres infrastructures de transport maritime, la Somalie intégrant les couloirs maritimes parmi les plus stratégiques au monde. La compagnie émiratie SKA Air & Logistics gère, par exemple, l’aéroport de Mogadiscio, et d’autres entreprises sont en compétition pour le développement du port et de l’aéroport de Kismayo.
Les EAU disposent de facilités d’entraînement militaire depuis 2015 et les forces somaliennes qui y sont formées sont considérées comme les plus fiables et compétentes de l’Armée nationale somalienne.
La Turquie dispose également de facilités militaires dans le nord de l’Irak. Au Qatar, avec sa nouvelle base et en soutenant l’émirat face au Conseil de coopération du Golfe dirigé par l’Arabie saoudite, la Turquie s’impose comme un rival qui pourrait devenir très vite un « ennemi » régional pour les monarchies du Golfe.