Cinquième édition d’une manifestation culturelle qui s’étend chaque année sur trois semaines (juin – juillet) alliant art et culture, musique et danse, paysage, patrimoine et économie, « Format Raisins » invite le public à parcourir époques, régions et styles à la rencontre de compositeurs, d’interprètes, de chorégraphes et de plasticiens, dans une ambiance enrobée de vin et de dégustations. Entretiens avec Jean-Michel Lejeune, Directeur de « Format Raisins », le chanteur marocain Anas Habib, le pianiste Jean-Philippe COLLARD et Pauline Fortin.
Je pourrais qualifier ces journées passées à découvrir le monde du festival « Format Raisins », de magiques. Pas de faste et pas de signes extérieurs de luxe mais une simplicité n’ayant d’équivalent que la richesse et les objectifs de l’événement.
Afrique-Asie : Mais quel rapport entre la musique et le vin ? C’était notre première question posée à Jean-Michel Lejeune, Directeur de « Format Raisins », lors d’un déjeuner organisé à la sortie de notre visite à l’usine de chaux de Beffe, fermée en 1939…
Jean-Michel Lejeune : C’est un rapport de circonstances parce qu’on est dans une région que j’aime beaucoup et où je voulais créer un festival et surtout, c’est une région où il y a beaucoup de vin donc c’est la première chose favorisant des rencontres avec des gens. La deuxième c’est que le vin permet de rencontrer des personnes qui font des activités différentes de la mienne, présentes dans la région qui attirent des visiteurs de France, d’Europe, des Etats-Unis d’Amérique et de l’Asie. C’est l’occasion de créer justement à ces mêmes visiteurs un festival pour pouvoir leur faire une proposition ouverte de culture et de découverte complémentaire. Un autre rapport plus subtil avec le vin qui serait d’inviter des gens à écouter de la musique à voir des danses en pensant à la multiplicité des sens en imaginant qu’on peut écouter de la musique en ayant des références du monde, des saveurs, des couleurs, des parfums et je trouve amusant et vivifiant pour l’écoute de la musique sachant que j’ai une prédilection pour la musique classique et aussi pour la création musicale musico temporelle qu’elle soit strictement dans ce que l’on peut appeler l’obédience de la musique temporelle mais aussi les musiques en création. Aussi, les différentes formes de nouvelles musiques, les musiques du monde et leurs évolutions… Il est toujours intéressant d’inviter les auditeurs à venir voir un spectacle, à écouter un concert, que le vigneron peut adosser à un moment de rencontre avec son vin, sachant que boire un vin c’est aussi entrer dans un paysage parce qu’un vigneron ne parlera jamais de son vin sans parler du paysage sur lequel poussent ses vignes, sur le sol, le calcaire, sur l’ensoleillement, sur l’orientation et puis c’est une culture paysanne, rustique. C’est intéressant d’avoir un rapport assez neuf à des musiques dont on présume toujours qu’il faut en connaître beaucoup pour y être sensible… Le pari de ce festival comme d’autres c’est essayer d’imaginer d’autres relations avec des arts populaires mais aussi des arts savants, puisque les musiques baroques, médiévales, en principe réservées aux érudits, aux mélomanes, nous, nous invitons le public, tous les publics, à entrer dans ces propositions beaucoup plus simplement.
Et les lieux où se déroulent les différentes activités de « Format Raisins » ?
Les lieux ne sont parfois pas extrêmement confortables pour l’écoute. L’autre jour nous avions un très grand pianiste coréen dans un musée de machines et il y avait un peu de bruit lointain des voitures qui passaient. J’apprécie énormément ces moments-là parce qu’à chaque fois l’auditeur ne se repositionne pas dans un milieu d’écoute parfaite d’un lieu qui serait le temple de la musique classique. On doit construire sa propre écoute et ce travail véritable et agréable est aujourd’hui très important pour redonner toutes ses chances à la musique, y compris la musique classique.
Ecouter des concerts parfaits, c’est tant mieux mais si on peut offrir des concerts qui sont un tant soit peu réels… Le succès du festival d’Avignon est du, principalement au fait, qu’au début, les gens étaient mal assis, réunis pour l’art ; ils adoraient, finalement cette ambiance, sans le dire
Puis il y a d’autres choses sur la diversité de la musique… c’est un noyau dur de musique classique mais il y a aussi de la musique médiévale, de la renaissance, de la musique baroque Henry Purcell, mais aussi dans la musique du monde avec le merveilleux concert d’Anas Habib et son groupe de très bons musiciens ou avec des gens qui sont issus de l’immigration qui n’auraient pas la possibilité de venir dans les grandes salles… C’est tellement important de se redécouvrir à travers leurs origines et de savoir que leur pays est un important porteur de civilisation…
La France vit un contexte délicat : préjugés, craintes…La réaction du public face au concert arabe d’Anas Habib était sidérante… en admiration, respectueux, debout, applaudissements, loin de toute autre considération… C’aurait-été une réaction du public parisien, ce serait compréhensible, mais ici, il s’agit d’un public un peu à l’écart..
Je crois que la première réaction est née du fait que le public se découvre lui-même dans sa capacité à recevoir les propositions que nous lui adressons. C’est un public qui n’existe pas, que nous sommes en train de créer, qui se découvre… des gens de toutes les cultures, de tous les niveaux socio-professionnels, de tous âges, principalement d’âge mûr avec des enfants et quelques jeunes, pas suffisamment hélas. Ce que je souhaite au fil des années est que le regard des auditeurs soit une véritable activité de la perception et de la réflexion. Je ne veux pas que les gens viennent entendre la musique je veux qu’ils viennent l’écouter, la découvrir et se découvrir eux-mêmes comme auditeurs et avoir un rôle à jouer dans l’œuvre. Vous savez il y a des œuvres comme celle du musicien théoricien John Cage qui a travaillé sur le concept que l’écoute serait déjà le premier fondamental de ce qui vient constituer une œuvre musicale, car il est évident que chacun n’a pas la même écoute.
Vous êtes à votre 5ème édition. Comment mobiliser le public ? Quels sont les problèmes auxquels vous faites face que ce soit au niveau d’attirer le public, ou d’ordre financier ? Est-ce que tout va bien ?
Non tout ne va pas bien. L’aspect essentiel de votre question est : comment est-ce qu’on communique et comment est-ce qu’on fait bouger le public ? C’est compliqué dans une région très étendue, qui demande des moyens importants pour entrer en contact avec des médiateurs, des fabricants d’opinion, très actifs sur les réseaux sociaux, on emploie quelqu’un pour ça plusieurs mois avant le début de festival
Et la diversité du public ?
Eparpillé. Résidences secondaires, qui travaillent et sont en période de vacances, élèves et étudiants et la voix essentielle de communiquer avec les gens c’est la force de la tonalité de la simplicité. On va aller rencontrer dans les entreprises des gens, présenter le festival, les directeurs des conservatoires et des écoles et à un moment les gens comprennent que nous avons de l’authenticité dans notre démarche et il est vrai que nous avons besoin d’avoir des gens qui viennent avec la démarche de la curiosité et nous sommes pour cela aidés par les radios.
On sent la qualité du public. Ce sont des gens qui viennent par décision et avec la volonté de découvrir, dans une relation normale simple avec le public qui vient au festival. Nous faisons aussi des efforts nous allons chercher des gens qui ont des problèmes à se déplacer, hier on a été cherché en camion les jeunes afghans demandeurs d’asile qui voulaient participer à la société qui les accueille…
Et votre parcours pour en arriver là ?
Je suis d’un milieu où nos parents ont mis au cœur de notre vie de découvrir les choses, d’aller voir des expos, des concerts et c’est une grande chance qu’un enfant de 12 ans puisse aller voir Chagall, de l’art contemporain…Cela fait partie de mon code génétique quasiment. Après j’ai fait des études littéraires et me suis passionné pour la musique classique. J’ai quitté mes études et me suis mis à travailler très tardivement la musique classique. Je pratiquais la flûte et j’ai fait des études et enseigné notamment au Conservatoire de Dijon et ailleurs. J’ai créé un festival qui existe toujours le « Why not » ; j’ai fait pas mal de mises en scène expérimentales, avec des musiciens, des plasticiens, des photographes, des danseurs, des grandes farandoles extraordinaires sur Rabelais, sur Hérodote… Ceci a occupé les grands moments de ma vie. On m’a ouvert une porte en me proposant de créer un festival de musique contemporaine à Dijon qui est devenu un festival bourguignon avec une trentaine de concerts, beaucoup de créations, des grands compositeurs sont venus du Canada, du Japon, de l’Italie, de l’Espagne… et ça m’a valu d’être appelé à la direction artistique de l’IRCAM (la vie musicale du Centre Beaubourg pour une grande partie). J’y suis resté deux ans. Le directeur qui m’avait appelé est parti et donc l’organigramme a été remodelé. J’ai dirigé après le théâtre d’Arras pendant cinq ans. Nous avons fait une action de mettre beaucoup d’artistes en résidence et de les connecter autant que possible avec un public diversifié… j’avais déjà commencé à travailler dans la région où nous nous trouvons aujourd’hui comme directeur d’un petit festival de piano qui a évolué pour devenir 3Format Raisins3, événement important où nous avions rien que cette année 88 rendez-vous, 25 concerts et spectacles… et je passe mon temps à quoi faire ? à chercher de l’argent, des mécènes, des gens qui veulent aider… et ça fonctionne ! Il faut assumer l’utopie dans ce genre de projets et nous rencontrons des gens très solides dans leurs pensées, qui comprennent nos objectifs et ce que nous essayons de fournir.
Je suis né à Paris ai vécu à Dijon et suis revenu sur Paris.
Nous cherchons à nous à nous mettre en place avec plus de facilité… Que nous soyons un peu mieux entendus dans la communication et le financement mais même à cette échelle c’est très bien, nous ne voulons pas être les plus grands, les plus riches … Je voudrais que les gens simples viennent écouter Schumann, avec Jean-Philippe Collard, pianiste de renommée universelle, que les gens prennent le risque d’aller vers des horizons qu’ils ne connaissent pas, qu’ils se sentent concernés…
Afrique Asie : « Quand la musique est sincère et profonde elle unit les gens, les préjugés n’ont plus de place »
Nous étions présents lors du concert du chanteur marocain Anas Habib, accompagné par un groupe de musiciens qui ont merveilleusement soutenu le répertoire traditionnel présenté, au grand bonheur du public. Anas a répondu à nos questions :
Les débuts dans le chant étaient dans la famille. Je suis né dans une famille nombreuse ou presque tout le monde chantait le répertoire arabe classique et andalou. Nous avions l’habitude de nous réunir chaque soir pour chanter, chacun à son tour, des chansons des piliers de la musique arabe classique comme Oum Kalthoum, Fairouz, Wadih Al-Safi, Sayed Darwish, Sabah Fakhri, Mohammed Abdelwahab, Farid al-Atrach…Mes premiers cours de chant étaient avec ma sœur ainée depuis l’âge de 4 ans, et chaque membre de la famille a un goût un peu différent de l’autre, ce qui m’a permis de chanter plusieurs répertoires et styles différents de cette région vaste et riche.
Après la famille il y avait le conservatoire de Fès, ma ville natale, où j’ai appris le solfège et le chant Al Ala (chants arabo-andalou du Maroc). Puis en Syrie et plus particulièrement à Damas et à Alep, j’ai appris les différentes formes du chant arabe classique et du chant arabe traditionnel et populaire. A côté de ça, j’étais très attiré par les chants liturgiques des églises du Liban et de la Syrie (maronites et byzantins en arabe, araméen et grec ancien). J’ai fait l’apprentissage dans des églises en Syrie, au Liban et à Paris principalement avec Sœur Marie Keyrouz.
L’importance de votre participation à Format Raisins
J’ai connu ce festival l’année dernière grâce à l’ensemble Musicanova. Nous avions présenté un concert intitulé « Echos de Babel » avec des chants Orient-Occident, chants monodiques et polyphoniques. A cette époque là j’ai rencontre Jean-Michel Lejeune, directeur du festival qui m’avait proposé de revenir faire un concert de chant arabe et j’ai tout de suite accepté comme j’étais très content de l’accueil, de l’équipe et de l’atmosphère générale du festival. Si le festival m’invite encore et encore je dirai à chaque fois un grand oui et reviendrai avec grand plaisir.
L’accueil du public d’un concert en arabe alors que l’Europe est pleine de préjugés et de craintes…
Le public était plus que superbe, une interaction extraordinaire, le silence régnait pendant les improvisations musicales et les chants et la musique s’envolait librement dans les murs et les piliers de l’Eglise Notre Dame de Sancerre, pour créer un mariage d’harmonie entre le lieu, l’ensemble et le public. Là où il y avait du rythme, le public suivait, et enrichissait le lieu de joie et de communion. Quand la musique est sincère et profonde elle unie les gens, les préjugés n’ont plus de place. Pour moi le chant est sacré, c’est divin et les gens qui viennent écouter ressentent ça et ils se laissent entrainer dans un monde de respect, de prière et de paix intérieure.
Votre répertoire et le choix des musiciens
C’était difficile pour moi de choisir le programme. Quand on dit chant classique et traditionnel du monde arabe, c’est très vaste et choisir dans des milliers de chants c’est toujours difficile, surtout que j’aime tout! J’ai fini par choisir simplement avec ce qui m’est passé par la tête et par le cœur.
Les cinq musiciens: Elie Achkar, Fawaz Baker, Adel Shamseddine, Iyad Haimour et Khalil Jerro sont tous reconnus pour la qualité exceptionnelle de leur performance et leur présence était d’un grand soutien au programme et à son déroulement, des points de vues artistique et scénographique.
A signaler, un événement en marge du festival, né et réalisé spontanément : Le groupe d’Anas Habib et Anas ont joué et chanté devant un nombre de réfugiés, demandeurs d’asile politique, venus principalement d’Afghanistan. L’un d’eux a chanté des chants afghans, pour le bonheur de tous et la touche d’humanisme tellement désirée par le festival et son directeur.
Anas Habib est en train de préparer son premier album. A suivre !
Jean-Philippe COLLARD – Le Gentleman-Pianiste
Il fait partie des personnes ou personnalités, dirais-je, qui impressionnent dès leur entrée en scène et qui vous mettent, oreilles et âme, en position d’écoute… Tout en lui est maîtrise et ce que le public a entendu, ce que nous avons entendu, n’a fait que confirmer ma première impression. Jean-Philippe Collard fait partie des grands pianistes qui ont côtoyé les plus importants. Il sillonne les grandes scènes musicales internationales. De Carnegie Hall au Teatro Colon en passant par le Royal Albert Hall et le Théâtre des Champs-Elysées, il joue avec le gotha des chefs et des orchestres à travers le monde…
Jouer devant le public connaisseur, certes, de Raveau, dans une petite salle de fête…
Je ne trouve pas ça surprenant parce que c’est mon milieu naturel. Je suis né dans un village et c’est en dehors de la ville que je trouve la sérénité de mon enfance. J’ai beaucoup de respect des gens qui m’entourent, pas nécessairement mes parents mais les ouvriers, les voisins… c’était une immense famille que j’ai perdu en allant à Paris et c’est comme si on m’avait déraciné. Les gens des villes ont tout ce qu’il leur faut, des salles, des propositions de concert, alors qu’à la campagne ils en ont besoin et nous n’y allons pas parce qu’il n y a pas de moyens, pas d’organisation, alors on ignore les églises et les lieux mythiques que la campagne contient et offre. Être au plus proche des gens me convient, je joue mieux dans ces conditions parce qu’il n y a pas la pression de la ville, de la concurrence. Bien sûr que les grands concerts sont importants, il faut faire parler de soi mais toute une partie de moi même, rien qu’en m’adressant à cet autre public, nous établissons un contact différent permettant de voir le regard des gens, alors que pendant les grands concerts on ne voit pas les yeux …
Quand les musiciens devenus universels écrivaient des œuvres, elles étaient destinées à une poignée de personnes et la transmission se faisait de personne à personne en toute plénitude car les racines sont là et pas dans ces immenses salles..
En tant que directeur artistique d’un grand festival, sentez-vous que faire de la culture c’est faire de la politique ?
C’est ce qui fait le squelette d’une mission comme celle là, c’est de la culture et de la politique. J’ai le sentiment de faire de la politique… J’ai été missionné pour apporter des belles choses aux gens. Des belles choses peuvent être des coups de cœur, mais les gens auxquels je vais les donner, et c’est là où c’est intéressant, doivent les recevoir et accrocher. Je regarde le milieu socio-culturel d’une ville comme Reims et je cherche partout des nouveaux lieux, des nouvelles salles, et la question est toujours : qu’est ce qu’ils vont prendre, cerveau ou cœur? C’est très instructif…
Je tiens absolument à assister à tous les concerts pour recueillir dans un regard une attitude un commentaire la manière dont la proposition musicale a été perçue …
On invite les gens à venir mais le drame est que les gens ont quelquefois peur du génie des musiciens. Ils ne s’identifient peut-être pas à Mozart, Bach, Beethoven…
La musique classique est de plus en plus utilisée et si l’on peut dire vulgarisée et gagne du terrain parmi le grand public. Pensez-vous que l’ère informatique sert la musique classique ou au contraire lui porte préjudice en lui faisant perdre son statut d’art élitiste ?
Ceci ne me gêne pas beaucoup. On a utilisé la musique classique pour des publicités et ça rentre de plus en plus dans la musique populaire. Quand Gainsbourg s’est emparé d’un prélude de Chopin – et soit dit au passage que je trouve ça maladroit, parce que quand on a un soupçon d’intelligence, il ne faut pas abimer le matériel – … pourquoi pas ? Regardez, on est dans des formules de concerts amaigris … on raccourcit à cause de la capacité d’écoute des gens et on réduit… Il faut sans doute s’adapter pourvu que l’adaptation n’abîme pas le génie de l’écriture…
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Retour au vieux labour !
« Format Raisins » met l’accent sur des techniques qui entourent la fabrication du vin notamment, lors de cette édition, une visite intéressante et surprenante a été organisée pour découvrir ce retour vers le labour naturel, entrepris par la jeune et courageuse Pauline Fortin, qui nous présente son univers :
J’ai créé mon entreprise « Trait Nature » début 2016 à l’âge de 23 ans après avoir effectué une formation dans la traction animale. Installée dans le Cher, je me déplace jusque dans les départements limitrophes et propose donc des prestations de services avec mon cheval de trait.
Caramelle, ma jument comtoise de 5 ans et moi effectuons principalement du labour dans les vignes qui permet, par l’absence de tassements des sols, de vibrations sur les pieds de vignes et par un travail de la terre de qualité, de valoriser les vignes et le vin.
Le labour dans les vignes avec un cheval est forcément moins rapide qu’avec un tracteur, mais les bienfaits sont réels. De plus, avec le cheval il n’y a pas de pollution visuelle, sonore ou atmosphérique. Je considère mon métier comme un travail d’avenir pour palier par exemple à toutes utilisations de pesticides, d’herbicides…
Il est également possible avec un cheval de labourer certaines parcelles inaccessibles aux tracteurs comme des parcelles en dévers, en pente (avec une limite tout de même), mais aussi des parcelles ayant de petits contours. Le cheval peut tourner sur place en sortie de rang pour pouvoir rentrer dans le rang suivant, tandis que le tracteur, lui à besoin d’un grand espace pour faire demi tour. Ce travail se concentre sur une période, en général dans cette région de début Mars à fin Juillet à retourner la terre afin de l’aérer mais aussi afin de limiter l’enherbement dans les vignes.
La saison de labour commence par le buttage (mettre de la terre au pieds des ceps) puis est suivi par le décavaillonnage (enlever la butte de terre des pieds de vignes), le griffage, le binage et le passage d’interceps (lames permettant de désherber entre les ceps, sous la vigne). Ces interventions sont plus au moins difficiles et rapides. La plus délicate et importante étant le décavaillonnage, car le cheval doit marcher très lentement et être particulièrement attentif afin que le personne qui laboure puisse avec sa charrue attraper toutes les herbes (mêmes celles poussant au ras des pieds de vigne) tout en évitant d’abîmer ou d’arracher ces derniers.
Que souhaitez-vous en vous installant ici ?
Pauline Fortin : Je souhaite développer le travail au cheval dans les vignes, jusque là très peu présent ; alors qu’en Bourgogne, Champagne, Bordelais… le cheval a fait sa place.
Fille d’agriculteurs biologiques et possédant un BTS Gestion et Protection de la Nature, le travail agricole respectant la nature et l’environnement était quelque chose d’évident pour moi. La passion du cheval jointe à cela m’a donc donné envie de faire ce métier.
A signaler, enfin, le beau concert donné par le quintet « La Fenice » à la superbe Commanderie de Montmoison, devant un public nombreux, attentif et très interactif avec ce programme de musique baroque de Henry Purcell.
Une autre visite de taille, celle de l’usine de chaux de Beffe, fermée en 1939 après avoir fourni 14% du produit national de chaux… Nous y reviendrons, vu ce que cet espace a présenté et la manière dont il a été transformé.