La privatisation de nombreuses prisons entraîne la création d’une main-d’oeuvre quasi servile, dans l’incapacité de protéger ses droits.
Les différents Etats américains ont souvent des problèmes budgétaires et doivent faire des économies, ils ont découvert une nouvelle source de revenus : la vente des biens immobiliers. Mais les biens des Etats ne sont pas extensibles. Certains d’entre eux ont eu la curieuse idée de s’intéresser aux prisons. Nombre d’entre elles se sont donc trouvées privatisées, prisonniers inclus. En 2011, par exemple, l’Etat d’Ohio a vendu l’une de ses prisons pour 73 millions de dollars à l’entreprise Corrections Corporation of America (CCA), la plus grande société de prisons privées du pays.
Cette entreprise a alors envoyé une lettre aux quarante-huit gouverneurs, leur offrant de racheter entièrement les prisons de leur Etats, et non plus en assurer la simple gestion, comme par le passé. La CCA va jusqu’à proposer 250 millions de dollars par établissement.
Le contrat, lorsqu’il est passé entre l’Etat et la CCA, stipule que cette dernière est en droit d’exiger de l’administration de l’Etat un taux de remplissage de l’ordre de 90 %. Ce qui se traduit par : « Nous achetons vos prisons, nous les tenons propres et en bon ordre, à condition que vous continuiez à nous envoyer des prisonniers. »
Cette nouvelle « industrie » a provoqué une augmentation notable du taux d’incarcération, et donné naissance à de nombreuses petites entreprises de sous-traitance et de services, ainsi qu’à l’accroissement du chiffre d’affaires des sociétés les plus importantes. La CCA a vu ainsi son chiffre d’affaire augmenter de près de 500 % au cours des vingt dernières années.
Parallèlement à cette activité montante, les prisonniers eux-mêmes deviennent sources de revenus. Contraints à travailler, ils représente une main-d’œuvre très bon marché et disponible à toute heure du jour et de la nuit. Le travail en prison n’est pas une nouveauté, mais la privatisation des établissements d’incarcération a transformé les prisonniers en une force de travail captive, dans l’impossibilité de se plaindre, voire de se défendre en cas de problème.