Pourquoi faire unitaire quand on peut faire communautaire ? Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des Institutions juives de France (Crif), organisation connue pour ses positions pro-israéliennes, l’a compris depuis longtemps. Il a récidivé peu avant le 30ème dîner du Cris, où se presse tout ce que la France compte d’élite politico-économique. « Toutes les violences aujourd’hui sont commises par des jeunes musulmans« , a-t-il déclaré. Quant à Marine Le Pen, leader d’un parti qui voudrait bien cacher son antisémitisme fondateur, elle est « irréprochable« , selon lui.
Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman, a aussitôt boycotté le dîner. Pas François Hollande, qui en était l’invité d’honneur. Dans son discours, le président français s’est largement exprimé sur l’antisémitisme et la multiplication des actes anti-juifs en France, après les attentats de janvier contre le journal Charlie Hebdo et le magasin d’alimentation « Hyper-Cacher« . On ne peut qu’être d’accord avec lui. Mais qu’en est-il des plus de cinquante actes antimusulmans au cours de la même période ? Selon le ministère de l’Intérieur, il y a eu, entre autres, vingt-et-une actions commises sous forme de tirs ou de jets de grenades contre des lieux de culte, un début d’incendie volontaire de la mosquée de Poitiers en construction, de nombreuses mosquées taguées avec des phrases racistes ou islamophobes, des menaces physiques. François Hollande n’aura eu qu’une toute petite phrase : « En janvier 2015, il y a eu autant d’actes antimusulmans que durant toute l’année 2014. » il faudra s’en satisfaire.