Les États-Unis ont essuyé un véritable camouflet au Conseil de sécurité dont ils avaient demandé une réunion d’urgence pour condamner l’Iran et exiger le soutien de l’ONU aux manifestants iraniens. Une large majorité de ses membres ont refusé d’utiliser de se servir de l’organisation onusienne pour s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays souverain et ont soutenu les positions iranienne et russe.
En demandant une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, avec l’exigence d’un soutien aux manifestations contre le gouvernement en Iran, les États-Unis essayent de modifier le mandat du Conseil de sécurité qui ne traite pas des affaires internes des pays, a déclaré le représentant russe, Vassily Nebenzia. « Nous regrettons, évidemment, la perte de vies au cours de ces manifestations qui ne sont pas si pacifiques. Mais laissons l’Iran régler ses propres problèmes, d’autant qu’il est en train de le faire », a déclaré Vassily Nebenzia.
Le représentant russe a accusé les États-Unis de vouloir détourner l’attention de questions internationales importantes que devrait aborder le Conseil de sécurité. « Vous êtes en train de disperser l’énergie du Conseil de sécurité au lieu de se concentrer sur le traitement de situations de crises importantes en Afghanistan, en Syrie, en Libye, en Irak, au Yémen, en Corée du Nord, sur le continent africain. Au lieu de cela, vous proposez que nous interférions dans les affaires internes d’un autre État. Nous ne voulons pas être impliqués dans la déstabilisation de l’Iran ou de tout autre pays ! » a-t-il déclaré.
Vassily Nebenzia a rappelé à Washington sa propre histoire de répression de manifestations : « Si nous suivons votre logique, alors nous aurions dû réunir le Conseil de sécurité après les événements de Ferguson, ou après la dispersion par la force du mouvement « Occupons Wall Street », à Manhattan ! », a-t-il répondu à Nikki Haley, ambassadrice des États-Unis à l’ONU. Celle-ci avait qualifié, dans son discours d’ouverture, les troubles en Iran d’ « expression spontanée des droits humains fondamentaux », affirmant que les manifestations avaient eu lieu simultanément « dans plus de 78 localités », et ajoutant qu’ « au bout du compte, le peuple iranien déterminera son propre destin ». « Ne doutons pas que les États-Unis soutiennent sans état d’âme ceux qui, en Iran, œuvrent pour leur propre liberté, la prospérité de leurs familles et la dignité de leur nation. Nous ne resterons pas silencieux ! » a-t-elle lancé en affirmant, également, qu’elle est certaine que les manifestants agissent d’eux-mêmes.
Selon Vassily Nebenzia, l’appel au soutien des manifestants anti-gouvernementaux est une nouvelle tentative de démantèlement de l’accord sur le nucléaire durement acquis en 2015. « La vraie raison de cette réunion ne vise pas à protéger les droits de l’homme ou à promouvoir les intérêts du peuple iranien, mais c’est une tentative voilée d’utiliser le moment présent pour continuer de saboter le Plan global d’action conjoint (JCPOA). Nous considérons qu’il est inacceptable de saboter intentionnellement le soutien par la communauté internationale de la JCPOA qui représente le principal succès de la non-prolifération nucléaire de ces quelques dernières années. D’autant plus que l’Agence internationale pour l’énergie nucléaire (IAEA) a confirmé à plusieurs reprises le total respect de l’Iran envers ses obligations ». En conclusion, Vassily Nebenzia a estimé qu’il s’agit là d’ « une sorte d’allergie inexplicable envers ce pays, qui brouille la pensée sur les événements et conduit à des vœux pieux ».
L’ambassadeur iranien à l’ONU, Gholamali Khoshroo, a répété que «les autorités iraniennes considèrent que les casseurs, dans ces manifestations, sont influencés par des forces extérieures au pays. « Nous avons la preuve que la violence en Iran par une poignée de manifestants, qui, dans certains cas, a provoqué la mort de policiers et d’agents de sécurité, est clairement dirigée de l’étranger. Ces éléments violents sont apparus dans la foule dès vendredi soir, la semaine dernière, au début des manifestations. À ce point, les éléments extérieurs, dont des instigateurs basés aux États-Unis et en Europe, ont commencé à être visibles. L’incitation à la violence a consisté à encourager et à entraîner des gens pour utiliser des cocktails Molotov, des armes et mettre en scène un soulèvement armé. »
Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont souligné que les troubles en Iran n’entrent pas dans le cadre de ses prérogatives. L’ambassadeur français, François Delattre a, ainsi, considéré que « quelle que soit l’inquiétude que peuvent susciter les événements de ces derniers jours en Iran, ils ne constituent pas, en soi, une menace pour la paix et la sécurité internationales… Nous devons prendre garde à toute tentative d’exploitation de cette crise à des fins personnelles qui aurait un résultat diamétralement opposé à ce qui est souhaité ».
Le vice-ambassadeur chinois, Liu Jieyi, a, à son tour, rappelé la charte de l’ONU. « La situation iranienne ne pose aucune menace pour la paix et la sécurité internationales, elle n’est pas, non plus, inscrite à l’agenda du Conseil de sécurité. La discussion de la situation interne en Iran au sein du Conseil, est une pratique qui ne répond pas à sa responsabilité telle que formulée dans la Charte. Agir ainsi n’aide pas à résoudre la question interne à l’Iran ».
Source : https://www.rt.com/news/415116-un-security-council-iran-abuse/ )
Traduction Christine Abdelkrim-Delanne