« Le jour d’après » de Hong Sangsoo (Corée) – Sélection officielle
Bongwan a une maîtresse. Ou du moins, en avait une : son ancienne secrétaire. Patron d’une petite maison d’édition coréenne, c’est un critique littéraire reconnu. Un matin, alors qu’il prenait tranquillement son petit-déjeuner, sa femme, méfiante, l’interroge sur sa relation extra-conjugale. Bongwan ne pipe mot. Il faut dire qu’il vient de quitter sa maîtresse et qu’une nouvelle assistante prénommée Areum la remplace ce même jour.
Problème pour le critique, son épouse tombe sur une ancienne lettre d’amour et débarque sans prévenir au bureau et prend pour (mauvaise) cible la nouvelle recrue, incrédule. L’homme a beau expliquer qu’il ne s’agit pas de sa maîtresse, sa femme ne veut rien entendre. A la suite de cette confrontation inattendue, Bongwan devra regagner la confiance d’Areum et choisir entre se racheter auprès de son épouse ou poursuivre son infidélité avec sa maîtresse sitôt partie, sitôt revenue. Une mise à l’épreuve cartésienne dans un univers minimaliste, où l’histoire se trame en quelques lieux seulement et où le noir et blanc symbolisent l’enfermement philosophique qui s’offre à lui. Malgré une mise en scène laborieuse, le maître coréen nous offre un film réfléchi, où un homme sans histoires préfère se perdre dans ses fantasmes amoureux plutôt que de subir une réalité moins attrayante.
« Hikari » (Vers la lumière) de Naomi Kawase – Sélection officielle
« Rien n’est plus beau que ce qui est devant nos yeux et s’apprête à disparaître ». Cette citation extraite de « Hikari » résume à elle seule le film de Naomi Kawase, grand prix du jury du Festival de Cannes en 2007 pour « La Forêt de Mogari ». Avec « Hikari », la réalisatrice japonaise nous fait voyager dans l’imaginaire des sens. Misako, audiodescriptrice de films essaye avec précision et humilité de rendre visible les films qu’écoutent les aveugles. Elle s’emploie à trouver le mot juste pour raconter chaque scène, chaque décor, chaque ambiance. Mais gare au mot de trop ou à l’expression mal usée, car il ne faut surtout pas empiéter sur l’imaginaire : dernier espace de liberté pour ces personnes handicapées. Une critique que ne se gênera pas de lui faire Nakamori, célèbre photographe qui perd inévitablement la vue et qui se renferme dans le royaume des ombres.
Paradoxalement, la jeune Misako s’éprendra de ce photographe ronchon, sans filtre et fatigué. Mieux encore, c’est en découvrant ses photos que la jeune femme retrouvera le goût de la nature et de l’amour. Elle qui ne vit que pour son métier et rend de temps en temps visite à sa mère malade, finira par vouloir sauver des ombres Nakamori, en lui apportant toute la lumière qu’il ne voit plus.
Un travail sonore et esthétique méticuleux proposé par la réalisatrice japonaise, où les plans serrés symbolisent une émotion propre, et où chaque son habille l’image et donne un sens à chaque sens.