Quatorze personnes ont été condamnées, le 25 juillet, à la décapitation par la Cour suprême saoudienne, pour avoir pris part à des manifestations, en 2011 et 2012, dans le cadre des protestations du « printemps arabe ».
Les condamnés avaient été jugés « coupables » en juillet 2016, de « rébellion armée contre le régime », d’incitation au chaos » et d’ « utilisation de cocktails Molotov ». Ils pourraient être décapités d’un jour à l’autre, la sentence devant encore être approuvée par le roi. « La signature du roi Salman est, maintenant, tout ce qui reste entre eux et leur exécution. Il doit, immédiatement, annuler ces décisions qui résultent de procédures judiciaires honteuses qui bafouent cyniquement les normes internationales de procès équitable », a déclaré Samah Hadid, responsable d’Amnesty International pour le Moyen Orient. Parmi les condamnés, Al-Suweyket avait 17 ans lors de son arrestation et devait partir étudier à la Western Michigan University, aux États-Unis.
Outre ces condamnations, quinze mises à mort ont été prononcées le 22 juillet contre des Saoudiens par la même Cour suprême pour « espionnage » au profit de l’Iran ! Le 14 juillet, le ministère de l’Intérieur avait annoncé l’exécution de quatre personnes condamnées à la peine capitale pour « crimes terroristes », dont des attaques contre les forces de sécurité et des manifestations à Qatif, dans l’est du pays, où vit la minorité chiite particulièrement visées par les autorités répressives saoudiennes. Depuis le début de l’année, 66 personnes ont été exécutées par décapitation, selon Amnesty.
Grand silence du côté des pays occidentaux, Europe et États-Unis, qui, pourtant, brandissent le flambeau de la « démocratie » pour détruire les pays et les peuples qui refusent de se soumettre à leur vision du monde, tout en protégeant leurs « amis saoudiens ». Outre les fabuleuses ventes d’armements à la famille royale, les relations diplomatiques n’ont cessé de se renforcer dans ces dernières années, prenant la forme visqueuse d’une allégeance criminelle.
En France, on connaît le grand amour de François Hollande pour la monarchie saoudienne, allant jusqu’à décorer le prince héritier Mohammed ben Nayef – démis de ses titres en juin 2017 au profit du nouveau roi Mohammed ben Salmane al Saoud, mauvaise pioche ! – de la légion d’honneur en mars 2016. Depuis le début de l’année, soit en trois mois, 70 personnes avaient été exécutées, dont 47 le 2 janvier, parmi lesquels le dignitaire et opposant chiite saoudien Nimr al-Nimr. François Hollande avait accepté, auparavant, de recevoir la décoration saoudienne de « l’ordre suprême du Royaume ». Deux décorations marquant les excellentes relations entre les deux pays et la reconnaissance réciproque pour la vente d’armes françaises (plus de 10 milliards d’euros) et d’avions de combat utilisés, ensuite, par l’armée saoudienne au Yémen. Un génocide dont, par ailleurs, les media français sont complices par leur cynique silence sur ce que certains d’entre eux n’ont pas honte d’appeler « la guerre oubliée ».
Quant au nouveau président français, Emmanuel Macron, qui s’était engagé à être « ferme à l’égard des pétro-monarchies », il a soutenu ces ventes d’armes, déclarant, avant le scrutin présidentiel, que « la France ne lui en a pas vendu tant que ça ». Or, l’Arabie saoudite est le premier acheteur d’armement en France, devant le Qatar, avec une moyenne de 2,8 milliards sur les cinq dernières années.
Dès son élection à la présidence française, Emmanuel Macron recevait un télégramme de félicitation du roi Salman bin Abdulaziz al Saoud, alors que l’information selon laquelle l’Arabie saoudite aurait participé au financement de sa campagne électorale, faisait polémique. Adoptant une attitude attentiste, la France n’a, cependant, pas suivi l’Arabie saoudite et ses alliés arabes (Égypte, Bahrein et Émirats arabes unis), dans leur décision de rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar, en juin dernier. L’émir qatari, Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, devrait se rendre à Paris à la fin de l’été, où il rencontrera Emmanuel Macron pour évoquer, cette question.
S’il ne pèse pas aussi lourd que l’Arabie saoudite dans les échanges commerciaux avec la France, le Qatar a, cependant, multiplié ses investissements et ses prises de participation, depuis une dizaine d’années, via son Fonds souverain, dans le sport, l’immobilier, l’industrie du luxe, pour environ 12 milliards d’euros. Le Qatar bénéficie, notamment, d’une convention fiscale l’exonérant d’impôt sur les plus-values immobilières et les gains en capital sur des biens détenus en France, un vrai paradis fiscal ! Autant d’éléments qui pèseront sans la position à venir du nouveau président français concernant le choix qu’il risque d’avoir à faire entre l’Arabie saoudite et le Qatar.
Quoi qu’il en soit, on comprend pourquoi les têtes qui tombent à Riyad ne pèsent pas lourd dans la balance des relations entre l’Arabie saoudite féodale et ses alliés occidentaux pour qui la définition de la « démocratie » est à définition variable suivant l’État auquel elle est appliquée, et en fonction d’intérêts économique criminels.