Au rayon islamophobie, quand les sages recommandaient de ne pas réagir au blockbuster L’Innocence des musulmans, une poignée de fanatiques s’étaient quand même bruyamment mis en colère et l’ambassadeur américain en Libye avait été tué. Au rayon nationaliste, quand un sénateur français répond par un bras d’honneur, en direction de 36 millions d’Algériens, en guise d’argument sur le débat colonial de la France, faut-il mettre une bombe à l’ambassade de France d’Alger ? En tant que ministre de la Défense (ce qui était la fonction de ce sénateur), on pourrait invoquer la légitime défense. On pourrait aussi ne rien faire et rester sur l’œuvre civilisatrice de l’Algérie en France, qui a appris aux Français à compter et à se laver il y a quelques siècles et, récemment, à ne pas faire de gestes grossiers comme torturer des civils ou jeter des manifestants dans la Seine.
Sauf que c’est mal tombé, on vient d’apprendre que l’ambassade américaine attaquée à Benghazi était en réalité un centre de la CIA. Peut-être alors que l’ambassade française à Alger n’est qu’une cellule d’espionnage. Il faut donc bombarder l’ambassade et tuer l’ambassadeur. Une fois ce geste accompli et condamné par le monde entier, y compris le dalaï-lama, on pourrait pendre l’ex-ministre de la Défense par le bras pour lui apprendre l’honneur et, pourquoi pas, Sarkozy aussi puisque c’est lui qui a choisi ce ministre parmi 60 millions de Français. Car en réalité, au-delà des discours d’amitié, on voit bien que la haine est présente. Autant passer alors à l’étape suivante, refaire la guerre, signer les Accords d’Évian II, avec repentance incluse à effet immédiat. Ou alors sagement attendre Hollande à Alger, en décembre, lui jeter des politesses à la figure tout en méditant sur les bienfaits de l’alternance. Sarkozy et son ministre de la Défense ne sont plus au pouvoir. On imagine très mal l’ex-ministre de la Défense attaquer Al-Qaïda au Mali avec des bras d’honneur…