Loin des stéréotypes du prêt-à-porter industriel, les modèles de Daniella Vincent dévoilent un véritable goût pour l’originalité et un équilibre étonnant entre les formes et la matière
Création rime avec passion et celle de Daniella Vincent s’est manifestée dès son enfance martiniquaise en observant sa mère, couturière sur mesure, à l’œuvre avec croquis, fil, aiguille et ciseaux.
Un vrai ravissement : « C’était un enchantement de voir un tissu se transformer en robe », nous raconte cette native de Fort-de-France, animée par la volonté de l’autodidacte et un talent certain. « Maman a commencé par m’apprendre la broderie, mais moi, je voulais tout faire, me lancer le plus vite possible toute seule. A treize ans, je maitrisais la couture et à quinze, étais en mesure de faire mes robes à moi. Je libérais mon esprit dans la conception des modèles », se souvient-elle.
En évoquant cette période de l’adolescence, l’aube d’une activité qu’aujourd’hui l’accompagne comme un rêve, Daniella sourit comme ses tenues qui semblent baignées par le soleil et caressées par le vent : « Je démarre avec des desseins, puis je m’attèle à la confection du modèle », nous explique, histoire de préciser les étapes de son art. Et l’inspiration ? « Je fais ce que l’intuition me suggère », dit-elle. Cela se remarque dans la variété de ses productions, dont les arrangements chromatiques et les lignes essentielles ne se répètent jamais d’un habit à l’autre. Sans oublier qu’une fois conçu et défini, le modèle est inscrit à l’Institut national de la propriété intellectuelle.
Habillée en vert marin frais, la jeune femme partage ses projets avec simplicité et conviction. Ancienne hôtesse de l’air à Air Caraïbes, l’envie de voler haut ne lui fait pas défaut et ses ambitions paraissent à la hauteur de ses capacités.
« Dernièrement, j’ai eu une commande de toges pour les membres d’une chorale d’Eglise. J’en ai fabriqué une centaine à l’aide d’une couturière. Ce sont des tenues qui changent selon les saisons et les modèles ne sont pas les mêmes, ils évoluent car je vise constamment l’amélioration ».
Sa clientèle -au début activée avec le classique bouche-à-oreille- est aussi en évolution et ses exigences lui posent des nouveaux problèmes. Daniella veut progresser au niveau des moyens, trouver peut être des sous-traitants, « car je ne peux pas coudre toute seule », affirme-t-elle pensive. Puis, voilà la solution, une nouvelle étape de l’aventure s’esquisse : « Mon rêve est d’avoir un atelier ».
Elle y travaille déjà et élargit sa renommée en donnant des cours de couture à des jeunes élèves et en multipliant ses initiatives. Elle vient de recevoir des Wax d’Afrique et souligne : « J’aime les tissus nobles, la soie, le lin ».
Au tournant de sa carrière, tempérament et sensibilité sont les atouts majeurs d’une réussite qui ne tardera pas à se concrétiser.
L. Elongui