«Fermeté et unanimité pour défendre les Jeux », la réponse des neuf membres de la commission exécutive du Comité international olympique (CIO) réunis à Lausanne ne pouvait être aussi énergique pour ceux qui tentent de saborder le déroulement des vingt-deuxièmes jeux Olympiques d’été, organisés pour la première fois par un pays socialiste : l’Union soviétique.
Cette réponse confirme ainsi la position sans équivoque des 142 Comités olympiques nationaux – aujourd’hui 144, avec le Viet-nâm et le Qatar – qui, en février dernier à Mexico, avaient opposé un non catégorique à tout report ou à tout changement relatif à la décision prise à Vienne (octobre 1974) et qui faisait de la ville de Moscou la capitale olympique sous le slogan « Paix, solidarité et amitié ».
À l’évidence, cette confirmation ne pouvait être appréciée par le président des États-Unis, principal instigateur de la campagne pour le boycottage des jeux Olympiques. Et pour cause. Le boycottage a été choisi par Carter, comme un des chevaux de bataille en vue de mobiliser l’opinion publique américaine autour de la présence des troupes soviétiques en Afghanistan. Par cette mobilisation, il pensait bien masquer la banqueroute de sa politique étrangère et favoriser sa réélection en novembre prochain.
[…] Les XXIIe jeux Olympiques auront bel et bien lieu, et… à Moscou. Même s’il en rêve, Carter n’aura pas assez d’empire pour, à l’instar de l’empereur Théodose en l’an 393 de notre ère, interdire les Jeux. […] Et puis, il y a les athlètes de tous les pays qui viennent, conformément au slogan des XXIIe Jeux, tisser une formidable chaîne de solidarité.
Dans une lettre ouverte à tous les citoyens du monde, dix athlètes britanniques médaillés olympiques mettent l’accent sur le danger du boycottage qui, « s’il est appliqué, fera succomber les Jeux ». En Australie, la triple championne olympique de natation Dawn Fraser a demandé à tous ses compatriotes d’organiser des journées contre le boycottage. L’étoile montante du sprint mondial, l’Italien Mennea, ne peut voir l’avenir sans les Jeux : « Je veux aller à Moscou », a-t-il affirmé. L’Allemande de l’Ouest Annegret Richter s’est fait le porte-parole de ses camarades auprès du chancelier Schmidt pour que « le sport ne soit pas mêlé à la politique ». Un groupe d’athlètes américains compte intenter un procès à l’Usoc (le comité olympique des États-Unis) et l’avocate Anita Defrantz, médaille d’argent en aviron à Montréal, estime que ni le gouvernement ni l’Usoc n’ont le droit d’empêcher les athlètes américains de prendre part aux Jeux.
Pour sa part, l’Afrique sportive, elle, sera présente aux XXIIe jeux Olympiques de Moscou. La résolution prise en ce sens par l’organisme suprême du sport africain (CSSA), lors de la réunion de Yaoundé, en décembre dernier, est plus que jamais d’actualité. Et malgré les multiples démarches du président des États-Unis, Jimmy Carter, pour un éventuel boycottage, il y a lieu de dire que l’Afrique unie et solidaire participera au grand rassemblement de la jeunesse sportive mondiale. Le président des États-Unis aura ainsi appris à ses dépens que son envoyé très spécial, le champion du monde professionnel de boxe Mohamed Ali, ne lui a pas été d’un grand secours auprès des pays africains (Nigeria, Kenya, Liberia, Tanzanie et Sénégal). Celui-ci a été renvoyé très poliment à son sport business.