La décision du président Jacob Zuma de rembourser l’argent public indûment utilisé pour la construction de sa propriété privée de Nkandla risque d’avoir des retombées sévères sur ses alliés de l’ANC et communistes, qui l’ont défendu inconditionnellement jusqu’ici. Après avoir grossièrement insulté, voire diffamé, la défenseure publique, Thuli Madonsela, en l’accusant d’être un agent de la CIA, après avoir nié les faits prouvés de son rapport, après avoir soutenu le président dans son refus de s’exprimer devant le Parlement sur le sujet, c’est une nouvelle volte-face à laquelle se livre aujourd’hui Jacob Zuma. Les raisons ce changement de cap tardif ? L’approche des élections locales qui seront un vrai test pour l’ANC, la pression exercée par les députés de l’Economic Freedom Fighters (EFF) de Julius Malema, qui ont systématiquement harcelé le président avec la campagne « Pay back the money ! » (« Rends l’argent ! »), le recours auprès de la Cour constitutionnelle présenté par le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique, les divisions au sein même de la direction de l’ANC à ce sujet.
Les inconditionnels auront du mal à rester crédibles. Entre autres, Nathi Nhleko, le ministre de la Police, qui a défendu la construction de la piscine privée en prétextant auprès de la défenseure publique qu’il s’agissait d’une réserve d’eau en cas d’incendie, faisant donc partie du dispositif de sécurité auquel le président avait droit. Mais aussi le ministre des Travaux publics, Thulas Nxesi, dirigeant du Parti communiste, qui avait accusé l’année dernière l’architecte Minenhle Makhanya et porté plainte contre lui, demandant qu’il rembourse les 20 millions d’euros dus. Nxesi avait aussi pris des mesures contre douze hauts fonctionnaires impliqués dans le scandale Nkandla.
Comment le secrétaire général de l’ANC, Gwede Mantashe, pourra-t-il justifier les insultes à l’encontre de Madonsela. Comment le Parti communiste, un des piliers de la triple alliance – ANC, Parti communiste, confédération syndicale Cosatu – pourra-t-il justifier ses accusations de « contre-révolutionnaire », condamnant un rapport « contaminé par les préjugés » ? La volte-face de Jacob Zuma va, certes, permettre de faire taire l’opposition, mais jusqu’à quel point ? Car en reconnaissant qu’il doit rembourser les fonds publics, Jacob Zuma reconnaît par là même qu’il s’agit d’un détournement de fonds et qu’il a entravé l’enquête et a menti au Parlement et au peuple. Les conséquences pourraient être très lourdes pour l’ANC.