En se rendant à Gao, l’une des principales localités du septentrion malien, le premier ministre français, Manuel Valls, entendait prouver la détermination de la France à lutter contre le djihadisme et rassurer Bamako en lui affirmant que son pays se portait garant de l’accord de paix au Mali, où il intervient militairement depuis 2013. Au final, Valls n’aura pas convaincu grand monde. Non seulement l’accord de paix signé en mai-juin 2015 par le camp gouvernemental et l’ex-rébellion à dominante touarègue, sous les auspices du médiateur algérien, est constamment mis à mal par des rebelles bénéficiant de la complaisance de Paris, mais encore aucun engagement n’a été pris pour que Kidal, devenue une enclave à part échappant au pouvoir central, retourne dans le giron de Bamako.
Autre couac : alors qu’une partie de la classe politique exhorte le pouvoir de Bamako à négocier avec le chef du groupe Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, afin de parvenir plus rapidement à la paix, le chef du gouvernement français réaffirme, quant à lui, qu’Ag Ghaly est la cible militaire numéro 1 de l’opération Barkhane, après l’insaisissable Mokhtar Belmokhtar. Clou de ce dialogue de sourds : précisément Barkhane, « succès reconnu partout dans le monde » selon Valls, échec retentissant à en juger par les soldats qui meurent régulièrement au front dans le Nord, selon la majorité de la classe politique malienne.