Le 22 mai, la rébellion des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), qui compte environ 8 000 hommes armés, annonçait la suspension du cessez-le-feu décidé unilatéralement en décembre dernier pour débloquer les négociations menées avec le gouvernement, à Cuba, depuis 2012. La veille, un raid aérien des forces colombiennes tuait, au cours d’une des offensives les plus meurtrières, plus de trente combattants dans leur fief de Cauca. Cette attaque illustre la divergence fondamentale entre les deux parties : malgré la trêve décidée par les Farc pour faciliter le dialogue, le gouvernement s’est toujours réservé le droit de mener des offensives contre la rébellion jusqu’à la signature définitive d’un accord de paix.
Les opérations militaires contre les Farc n’ont jamais cessé. Il y a un mois, le président Juan Manuel Santos avait levé le moratoire sur les bombardements militaires, à la suite d’un affrontement entre les rebelles et l’armée dans la région de Cauca, qui s’était soldé par la mort de onze militaires. Alors que, sur le terrain, les combats se multiplient, Juan Manuel Santos appelait à accélérer le processus de paix. C’est ce double langage qui bloque les négociations, malgré quelques avancées partielles. Un discours ambigu en direction du peuple qui aspire à la fin de cette guerre civile – plusieurs centaines de milliers de morts en plus de quarante ans –, alors que le président est, aujourd’hui, au plus bas dans les sondages.