Relayant un communiqué du ministère algérien de la Défense, le 19 mai dernier, faisant état d’une « opération militaire près de la localité de Ferkioua, wilaya de Bouira », à l’issue de laquelle « vingt-deux terroristes ont été abattus », le bureau algérien de l’agence Reuters a remplacé le mot « terroristes » par « militants ». Les abonnés de cette agence anglo-saxonne ont repris sans recul cette dépêche à leur compte.
Réagissant à ce glissement sémantique dans un entretien accordé au Temps d’Algérie, Éric Denécé, le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) espère qu’il s’agit d’un « malheureux lapsus ». Sinon, cette « respectabilitésémantique accordée à ces criminels est proprement inadmissible! Ce sont des terroristes qui s’inscrivent dans la continuité d’un mouvement qui a fait des centaines de milliers de morts en Algérie et qui adhèrent à l’idéologie obscurantiste et mortifère d’Al-Qaïda et de Dae’ch. Il n’est pas possible d’avoir du respect pour ces individus-là ».
L’agence Reuters fait partie des principales sources d’information occidentales qui irriguent le monde, incarnant d’une manière caricaturale l’ordre mondial de l’information dénoncé en son temps par le prix Nobel Sean McBride, dans un rapport célèbre (publié en 1980) appelant à un nouvel ordre mondial de l’information. Reuters n’innove pas en la matière. Le président américain Reagan, recevant une délégation de « moudjahidine afghans » les avait qualifiés de « combattants pour la liberté ». En mars 1985, il déclarait, à nouveau : « Ce sont nos frères, ces combattants de la liberté […] Ils sont l’équivalent moral de nos Pères fondateurs et des hommes et femmes courageux de la Résistance française. Nous ne pouvons pas les abandonner. » On connaît la suite : le 11-Septembre, etc.