On connaissait la situation explosive au nord, avec les attaques sanglantes du mouvement terroriste nigérian Boko Haram. Mais le pays de Paul Biya a aussi mal à l’est, où les rebelles de la Centrafrique voisine mènent aussi des incursions sur son territoire. Le 20 mars, près de Garoua-Boulaï, des rebelles difficiles à identifier ont stoppé un bus de transport et enlevé ses occupants, dont l’élite de la région, contraignant les autorités de Yaoundé à négocier leur libération. À l’extrême nord, les troupes tchadiennes ont certes soulagé les soldats camerounais débordés, mais la gestion calamiteuse de ces effectifs pose problème. Si officiellement tout va bien, sur le terrain, l’armée camerounaise apparaît divisée, notamment par des questions de primes non équitablement réparties entre les forces spéciales et les autres, entre les officiers et les hommes de rang. Sans compter l’inefficacité dans la chaîne de commandement. Le ravitaillement correct des troupes pose problème et, du coup, le nombre de déserteurs augmente. Pendant ce temps, le chef suprême des armées poursuivait tranquillement ses séjours privés en Europe.