Plus de 3 000 soldats iraniens stationnés aux frontières du Baloutchistan iranien, au sud-est du pays, voisine du Baloutchistan pakistanais, ont été tués ces dix dernières années dans des affrontements avec des gangs ou des groupes terroristes. Peu à peu, les combats contre des groupes radicaux islamistes sunnites sont devenus plus nombreux. La province du Baloutchistan fut annexée par l’Iran en 1928. Aujourd’hui, riche en ressources naturelles (gaz, or, cuivre, pétrole et uranium), elle enregistre le plus bas revenu par habitant. Sous-développée, elle présente les indicateurs les plus négatifs en termes d’espérance de vie, avec une forte mortalité infantile, d’éducation, d’eau potable et de facilités sanitaires. Quatre-vingts pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Dans ce contexte, l’émergence de groupes terroristes n’a rien d’étonnant. Harakat Ansar Iran, l’un des plus importants, est responsable de l’attaque suicide de la mosquée de l’Imam Hussein, en octobre 2012, à Chabahar, la première du genre. Elles se sont multipliées depuis, comme le 9 octobre dernier à Saravan, avec l’attaque menée par l’Armée de la justice (JAA) visant des militaires. Dans les rangs de la JAA comme dans ceux d’autres groupes radicaux d’Iran, on trouve des éléments ayant des liens avec des groupes radicaux agissant depuis le Pakistan. Les groupes iraniens utilisent le territoire pakistanais comme sanctuaire, source de tension entre Téhéran et Islamabad. L’État islamique, ou Da’ech, a à plusieurs reprises exprimé sa volonté de frapper l’Iran. Le Baloutchistan et ses groupes radicaux offrent un moyen idéal pour faire le travail pendant qu’il mène la guerre en Syrie et en Irak. « Ils sont prêts à passer à l’offensive de façon imminente », a déclaré Mohamd Reza Rahmani Fazli, le ministre iranien de l’Intérieur.