On avait déroulé le tapis rouge à l’entrée du Parlement où le président Jacob Zuma a prononcé le traditionnel discours sur l’état de la nation. Un discours particulièrement attendu à deux mois des élections générales. Tous les people que compte le pays avaient été conviés en tenues de soirée pour la une cérémonie. Le discours a été le plus positif possible – car tel est sa fonction –, alignant des chiffres optimistes et des perspectives encourageantes. Pourtant, dans la réalité, le taux de demandeurs d’emploi actuellement de 24,1 % (proche de 34 % en termes de chômage), est en constante augmentation. L’Afrique du Sud a connu une croissance de 3,2 % par an de 1994 à 2012. Mais le discours ne dit pas qu’en 2012, ce taux était de 2,5 % et qu’en 2013, selon la Banque mondiale, il atteindrait à peine 1,9 %. Quant aux prévisions pour 2014, elles sont de 2,7 %.
Depuis 1994 et la fin de l’apartheid, 3 millions de logements ont été créés et 855 000 maisons équipées en eau courante et électricité. Mais il existe toujours 2 700 bidonvilles dépourvus de toutes les facilités de base et abritant officiellement 1,66 million de foyers, tandis que les manifestations violentes se multiplient dans le pays.
Concernant la redistribution des terres et la réforme agraire, 4 813 fermes ont certes été réattribuées à des petits agriculteurs entre 1994 et 2013 Mais, selon le ministre du Développement rural et de la Réforme agraire Gugile Nkwinti, 90 % de la terre transférée n’est pas productive et seulement 10 % des terres ont été en réalité transférées, et non distribuées. Examinés de près, les chiffres annoncés dans le discours présidentiel montrent un ralentissement des réformes depuis l’arrivée au pouvoir de Jacob Zuma, situation dénoncée par certains au sein même de l’ANC.