Le procès de Cordoba, qui s’est ouvert le 4 décembre dernier, restera dans les annales comme le plus grand de l’Histoire de l’humanité à ce jour. Plus de 900 témoins, 417 victimes et surtout 68 pilotes, marins, préfets, policiers et civils ont été jugés pour séquestration, torture, et assassinat sous la dictature, entre 1976 et 1983. C’est le « dossier de l’Esma », la sinistrement célèbre école militaire de l’armée de l’air. Les registres de l’aviation ont permis de tracer sans aucun doute les « vols de la mort », au cours desquels des dizaines de personnes ont été jetées mortes ou vivantes dans l’océan. Sur les 30 000 disparus argentins, le centre de l’Esma en a « traité » environ 5 000. Ce procès géant, qui doit durer au moins deux ans, est une victoire pour les « Folles de la place de Mai », ces mères qui manifestent depuis 1977 pour réclamer la vérité sur les disparus, mais aussi pour tous ceux qui se sont engagés dans ce combat.