L’ONG française Sherpa a déposé plainte devant le parquet de Paris contre le groupe cimentier français Lafarge et sa cimenterie de Jalabya en Syrie. Elle les accuse de financement du terrorisme, complicité de crime contre l’humanité et mise en danger d’autrui, pour des faits remontant à 2013 et 2014. La plainte a été conjointement déposée avec le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l’homme de Berlin. Selon l’enquête menée par Sherpa, l’usine Lafarge a été la seule multinationale à poursuivre ses activités en Syrie jusqu’en 2014. Elle se serait approvisionnée en pétrole et en roche auprès d’État islamique qui contrôlait les sites de production et la ville de Manbij, à une heure de l’usine. Des employés syriens auraient subi des pressions et des menaces de licenciement pour les persuader de continuer de travailler, et certains auraient été enlevés entre 2012 et 2014. Un rapport parlementaire du 20 juillet, rendu public après les révélations du journal Le Monde, en juin, estime : « Les éléments auxquels le rapporteur a pu avoir accès ne confirment en rien ces accusations » et : « Les responsables du groupe avaient alors apporté aux autorités françaises les éclaircissements nécessaires. » Mais on le sait : les rapports parlementaires en France servent souvent à désamorcer des questions sensibles…
L’association Sherpa, qui regroupe des avocats et des juristes engagés dans la défense des droits de l’homme, a à son actif plusieurs actions judiciaires. Entre autres, contre le groupe Auchan après l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh qui avait fait 1 135 morts parmi les ouvriers du textile et plus de 2 000 blessés, et contre Samsung pour dénoncer l’exploitation des enfants.