La célèbre mosquée égyptienne semble être tombée, comme la « rue cairote » dans la vague révolutionnaire.
Dans le sillage de la révolte populaire qui continue à secouer l'Egypte, un vent de révolte souffle sur Al Azhar, la plus prestigieuse des institutions de l'islam sunnite, l'équivalent de Qom pour l'islam chiite. Après des années de soumission servile aux autorités égyptiennes, Al Azhar veut se défaire de la lourde tutelle de l'Etat pour retrouver son indépendance, perdue en réalité depuis plus de soixante ans. Les Azhariens, un corps d’imams, de professeurs de théologie et de langue arabe, encadrés d'une ribambelle de "docteurs" disséminés à travers les universités sur l’ensemble du territoire égyptien, ont ainsi acculé le Cheikh de leur institution, Ahmed Tayeb, à la démission, pour le remplacer par un Cheikh élu. L'affaire a été prise très au sérieux par le Conseil supérieur des forces armées (CSFA). Dans un premier temps, celui-ci a refusé la démission du Cheikh en exercice. Il a ensuite multiplié les émissaires auprès des Azhariens d'influence pour leur expliquer que la nomination du Cheikh d'Al Azhar par l'Etat faisait partie des "lignes rouges" à ne pas franchir, fut-ce au nom de la révolution. Les Cheikhs successifs d’Al Azhar ont approuvé sans barguigner la politique générale de l’Etat dans tous les domaines. A de rares exceptions près, lesquelles se sont conclues par le limogeage ou la mise en quarantaine de l’impétrant.