Le gazoduc est au coeur d’un enjeu politique qui dépasse la simple fourniture de gaz à Israël.
Le gazoduc égyptien livrant du gaz à Israël et à la Jordanie a été saboté pour la deuxième fois en moins de trois mois. Il a été attaqué par des inconnus à la bombe mercredi 27 avril 2011, contraignant les autorités égyptiennes à suspendre les livraisons.
L’attentat intervient alors qu’une vaste campagne contre les livraisons de gaz à Israël se déroule en Egypte, à l’initiative de toutes les formations politiques du pays, qui ne cachent plus leur hostilité au traité de paix liant depuis 1979 l’Egypte à Israël depuis le renversement du président Hosni Moubarak.
Sameh Fahmi, le ministre du pétrole en exercice lors de la mise en place de l’accord gazier égypto-israélien, sous la pression de Washington, a été placé en détention préventive en attendant d’être jugé.
L’actuel secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, possible candidat à la prochaine élection présidentielle égyptienne, a déclaré récemment que « les accords de Camp David sont terminés ».
Les Egyptiens reprochent à cette transaction gazière d’être en faveur de l’Etat hébreu, dont les consommateurs, selon certains économistes, reçoivent une «subvention déguisée » de la part de leur voisin, plus pauvre et plus peuplé. Le gaz égyptien, qui couvre plus de la moitié des besoins israéliens, est exporté en Israël à un prix inférieur à celui du marché international.
Le manque à gagner de l’Egypte se chiffrerait à plusieurs milliards de dollars par an. Des analystes affirment par ailleurs que le différentiel de prix alimentait les comptes secrets de dignitaires de l’ancien régime, dont l’ex-président Moubarak, qui doit être jugé, ainsi que ses deux fils, Gamal et Alaa, pour corruption.
Le gouvernement de transition dirigée par Essam Charaf a évoqué une remise en question des contrats de fourniture signés avec Israël, mais les compagnies israéliennes bénéficiaires ont menacé de poursuivre l’Egypte pour rupture abusive du contrat.