Une conférence, organisée à Paris, a permis d’analyser les médiations successive entre Israël et la Palestine car un contexte troublé.
Organisée par le Forum International pour la Paix et quatre étudiants de Sciences Po, la conférence du 17 mars intitulée « Proche-Orient : la diplomatie a-t-elle échoué ? » a réuni plus de 600 personnes autour de Bernard Kouchner (ancien ministre des Affaires étrangères, Daniel Cohn Bendit (euro-député et Président du groupe Les Verts au Parlement européen), Ofer Bronchtein (Président du Forum International pour la Paix), Nissim Zvili (ex ambassadeur d’Israël en France) et Soufian Abu Zeida (ancien ministre de l’Autorité Palestinienne).
Cette conférence s’est fixée comme objectif d’analyser les médiations successives depuis la conférence de Madrid en 1991 : celle des Etats-Unis, mais aussi celle de l’Union européenne et de la Ligue Arabe.
Ces médiateurs peuvent-ils faire preuve de neutralité ? Leurs actions sont-elles complémentaires ou au contraire sont-elles autant d’occasions de confronter des positions adverses ? Comment les révolutions actuelles dans le monde arabe vont-elles impacter le processus de paix ? Les mouvements démocratiques sont-ils une opportunité ou une menace pour ce processus ?
Daniel Cohn-Bendita dénoncé un processus de négociation « interminable » et la surdité des dirigeants de l’Union européenne face à la situation israélo-arabe. Pour lui, il est incompréhensible que le blocage politique perdure et que la colonisation d’amplifie davantage. Il s’est prononcé en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, selon le tracé défini par le droit international. Le mot clé de la réussite des négociations est l’« autolimitation ». En effet, « le rêve sioniste, de même que le rêve d’une Palestine d’avant la création d’Israël doivent s’autolimiter pour que l’Etat palestinien existe ». Il a ajouté que le fait que l’espace démocratique s’agrandisse dans la région permettra de trouver de nouveaux points d’accords entre les sociétés civiles et ainsi favoriser la résolution du conflit.
Soufian Abu Zeidaa déclaré soutenir également la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale pour deux Etats, en précisant que 70% des Palestiniens acceptent l’existence d’Israël. Il s’est prononcé en faveur de la réconciliation dans un premier temps, conditionnée par l’arrêt des colonies tout en critiquant les déclarations de Benyamin Netanyahu : « 22 pays, sous l’initiative de la Ligue arabe, ont proposé une paix complète, une pleine reconnaissance de l’Etat israélien, à la condition qu’Israël se retire des territoires. Le monde arabe propose la paix, mais qu’attendent donc les Israéliens ? ».
Bernard Kouchnera livré un point de vue plutôt pessimiste sur le processus de paix. Selon lui, la diplomatie recule et la situation à Gaza s’aggrave. Il regrette notamment qu’Israël ne soutienne pas le « printemps arabe » et se pose en potentielle victime, alors que ces événements sont porteurs d’espoir dans la région et que cela « devrait permettre de prendre davantage en compte le désir de paix ».
Pour Nissim Zvili, Israël a fait une grave erreur en n’acceptant pas l’initiative de la Ligue arabe alors que c’était la première fois que les pays arabes acceptaient l’existence de l’Etat israélien. Il considère qu’il n’y a que deux solutions : un Etat binational, qu’il ne souhaite pas pour sa part, ou deux Etats côte à côte. Du point de vue diplomatique, l’isolation prolongée d’Israël vis-à-vis de la communauté internationale est un risque important pour sa survie. Il est important qu’il réagisse rapidement pour éviter un tel scénario, car « le Président Obama n’a pas aimé mettre son veto aux Nations Unies et il ne l’oubliera jamais ».
Après des questions du public, portant notamment sur Jérusalem comme capitale pour les deux futurs Etats, le transit potentiel des gazaouis en Cisjordanie, Ofer Bronchtein le Président du Forum International pour la Paix, a conclu en disant « Il est inacceptable que le fait d’être pro-israélien soit considéré comme être automatiquement anti-palestinien et vice et verça. Je suis pro-israélien et pro-palestinien car je suis pour la paix. Avoir reçu le passeport palestinien me remplit d’une grande joieet est complémentaire avec le fait d’être Israélien. Je suis en harmonie avec mes idées et mes convictions. »Il a ajouté : « Le Forum va intensifier ses efforts ces prochains mois afin qu’Israël soit reconnu par le monde arabe, et mon souhait le plus fort est qu’Israël soit le premier Etat à reconnaître l’Etat palestinien, qui j’espère va naître avant la fin 2011 (…) Parce qu’il peut rapprocher les sociétés civiles en méditerranée, le printemps arabe m’inspire… ».