Depuis que le ministère de l’Intérieur a décrété, il y a quelques jours, la « fin de la tolérance » et la « stricte application de la loi », il ne fait plus de doute que c’est le camp des ultras du régime qui l’a emporté. Le « tout sécuritaire » est le nouveau mot d’ordre du pouvoir : encerclement des villes révoltées, arrestations massives, tir à balles réelles sur les manifestants, mobilisation de tous les bras armés du pouvoir pour épauler les services de sécurité : parti Baas, milices, armées etc. Sans résultat puisque le mouvement ne cesse de s’étendre. Ainsi, après le campus universitaire de Damas, où les milices du Baas se sont heurtées aux protestataires, la révolte a gagné le campus d’Alep, la deuxième ville du pays. Une manifestation appelant à des réformes politiques s’est déroulée mercredi 13 avril sur le campus de l’université d’Alep, la plus grande de Syrie, selon les défenseurs des droits de l’homme en contact avec les étudiants.? Jusqu’à présent, Alep n’avait pas été gagnée par la vague de contestation qui a débuté mi-mars contre le régime de Bachar al Assad
Dans la région côtière, le fief des Assad, la répression est féroce. La ville de Banias a été assiégée, rappelant le sort réservé à la ville de Hama en 1982, où plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient été tuées.
Pour éviter un tel bain de sang, trop prévisible, des milliers de femmes et d’enfants syriens brandissant des drapeaux blancs et des branches d’olivier ont bloqué ce mercredi 13 avril une route côtière près de Banias et de Lattaquié, afin de protester contre la répression du mouvement de contestation.? La foule a demandé la libération des centaines d’hommes arrêtés ces derniers jours dans les villages de Baïda et Beit Jnad, dans le nord-est du pays. Depuis le début du mouvement, il y a plus de trois semaines, environ 200 personnes ont été tuées, selon le mouvement pro-démocratie de Syrie, la "Déclaration de Damas".? « Nous ne nous laisserons pas humilier », a scandé la foule, selon des témoins ayant requis l’anonymat par crainte de représailles. Les manifestants se sont rassemblés le long de la route principale entre Tartous et Banias.?
Rappelons que la contestation a débuté le 18 mars à Daraa, dans le sud du pays, avant de s’étendre à d’autres régions. Bachar el-Assad, dont la famille tient les rênes du pays depuis quarante ans, a tenté de calmer la colère des manifestants par quelques concessions, notamment en limogeant son gouvernement et deux gouverneurs régionaux. ?Mais celles-ci ont été jugées insuffisantes par les manifestants, qui réclament notamment la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1963, la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire, ainsi qu’une nouvelle loi autorisant la formation des partis politiques ainsi que des élections libres.? On ignore ce qui s’est précisément passé ces derniers jours à Baïda et Beit Jnad, en raison des nombreuses restrictions imposées par le régime aux médias. D’ailleurs, des journalistes, notamment de l’Associated Press, ont été expulsés de Syrie.? Mais des habitants et des activistes ont affirmé que des centaines d’hommes de tous âges ont été arrêtés, en particulier au cours du mardi 5 avril, lors d’une attaque menée par les forces de l’ordre et des miliciens pro-gouvernementaux pour réprimer les dissidences. Selon un témoin, au moins une personne aurait été tuée. Plusieurs militants de l’opposition ont confirmé ce décès mais ces récits n’ont pas pu être confirmés de source indépendante. ?Ces deux villages sont situés à quelques kilomètres du port de Banias, où quatre manifestants ont été tués dimanche 10 avril.
Autre développement inquiétant : l'agence officielle Sana a présenté ce durcissement de la répression comme un « complot étranger » doublé d’attaques armées contre les militaires. Selon Sana, une embuscade a eu lieu dimanche 10 avril contre un convoi militaire sur une route de Banias, faisant neuf morts parmi les militaires, dont deux officiers, et plusieurs blessés.
Avec les agences de presse