L’Union africaine a proposé une base de négociation, acceptée a priori par le clan Kadhafi mais rejetée, pour le moment, par les insurgés.
Le point n°1 de la "feuille de route" de l'Union Africaine proposée dimanche 10 avril à Tripoli est le départ du pouvoir du colonel Kadhafi et de sa famille, a révélé lundi 11 sur la radio française Europe-1 le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini.
"Dans la feuille de route de l'UA pour une solution politique en Libye, le point numéro un est le retrait du pouvoir de Kadhafi", a-t-il dit. Il a précisé que Paris et Rome étaient d'accord et que Londres devrait aussi donner un avis favorable à la suite de la visite qu'il effectuerait dans la journée en Grande Bretagne.
Tripoli a annoncé dans la soirée de dimanche 10 qu'il acceptait la "feuille de route" de l'UA présentée à Kadhafi par une délégation, présidée par le Sud-Africain Jacob Zuma, mais sans donner de détails sur son contenu.
L'autre point important de cette "feuille de route" est l'établissement d'un cessez-le-feu entre forces gouvernementales et insurgés et l'ouverture de "couloirs humanitaires" pour porter secours aux populations encerclées et pillonées par les forces régulières, ainsi qu'aux nombreux blessés qui attendent des soins dans les hôpitaux bondés, notamment à Ajedabya et Misrata.
M. Frattini a par ailleurs précisé que les fils et la famille de Kadhafi ne "pourront pas participer" à des négociations pour une éventuelle solution de réconciliation nationale, mais que Tripoli, la capitale, et l'Ouest de la Libye y seront représentés par des personnalités de leur choix. Il n'a pas donné davantage d'informations à ce sujet.
Il s'est par ailleurs déclaré opposé à tout partition de la Libye, estimant que ce serait un aveu d'échec pour la communauté internationale.
Le Conseil national de transition (CNT), qui dirige l'insurrection libyenne, a pour sa part récusé par avance toute négociation avec le "Guide" et réclamé son départ du pouvoir comme condition préalable à son éventuelle acceptation de la "feuille de route" africaine. La délégation de l'UA doit le recontrer lundi 11 avril à Benghazi, foyer de l'insurrection.
L'Italie, qui joue un rôle un de plus actif dans la crise libyenne, estime qu'une solution devrait être trouvée rapidement. Ce serait une "affaire de semaines", a-t-il indiqué.
Le "groupe de contact" pour le pilotage politique de la crise doit se réunir dans les prochains jours à Qatar, et le comité de l'Otan pour le pilotage militaire se réunira mardi 12 à Berlin pour faire le point de la situation.
S'agissant du rôle des Etars-Unis, M. Frattini a indiqué que la réduction par Washington de sa participation militaire en Libye, "n'est pas un désengagement, mais un appel à l'engagement de l'Europe et des pays arabes" dans une zone géopolitique qui les concerne directement.
Concernant enfin l'immigration clandestine générée par la révolte tunisienne et la guerre en Libye, M. Frattini a indiqué qu'il proposerait aux pays européens de participer au sein de l'agence Frontex – chargée de la surveillance des côtes européennes – à des patrouilles communes à la lisière des frontières de ces deux pays afin d'empêcher l'arrivée de migrants illégaux sur les côtes italiennes.
L'Italie s'attend au déferlement à Lampedusa, le point de son territoire le plus proche du continent africain, de plusieurs dizaines de milliers de migrants fuyant la Tunisie et la Libye.
Elle a décidé d'accorder aux premiers arrivants – soit quelque 25 000 personnes déjà sur place – des titres de séjour temporaires de trois mois leur permettant de circuler dans l'espace Schengen.
Paris et Berlin, craignant que la grande majorité de ces clandestins n'échouent sur leur territoire, ont protesté contre cette mesure et pris des mesures drastiques à leur frontières pour repousser les arrivants éventuels.